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Voile à l’université – La République ne doit pas céder devant les extrémismes et les replis communautaires.

Les émeutes du mois de juillet à Trappes, à la suite d’un contrôle d’identité d’une femme portant le voile intégral, illustrent les tensions qui minent notre pacte républicain. Devant la multiplication de ces atteintes au principe de laïcité, nombre de nos concitoyens ont le sentiment d’un certain recul de notre unité nationale. A raison, les Français sont viscéralement attachés au principe selon lequel, en République, nul ne saurait se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes.
Sans le respect du principe de laïcité, il ne peut y avoir dans notre pays de cohésion nationale. Sans le respect du principe de laïcité, il ne peut exister d’espace commun, ou les femmes et les hommes laissent de côte leurs différences pour se parler, se comprendre et embrasser la communauté nationale. Face à quelques uns qui voudraient défier nos lois pour imposer un autre modèle de société, la République doit offrir un front uni.

C’est pourquoi les inquiétudes de nos compatriotes ne doivent pas être ignorées. En 1989, la première affaire de voile dans un établissement d’enseignement divisait déjà la société française. Malheureusement, à l’époque, le gouvernement socialiste a laisse faire par voie de circulaire, sous-estimant la menace intégriste pour notre cohésion nationale. II a fallu attendre plus de quatorze ans pour que soit votée la loi de 2004 proscrivant les signes religieux ostensibles a l’école publique, portée par François Fillon, ministre de l’Éducation nationale de Jacques Chirac. C’est avec Nicolas Sarkozy que nous avons interdit, en 2010, le port du voile intégral dans les espaces publics de la République. II est de notre responsabilité de faire évoluer le principe de laïcité au même rythme que la société, de façon à apporter des solutions à mesure que les problèmes se posent. C’est l’objet de la proposition de loi que j’ai déposée et défendue au nom du groupe UMP, au printemps dernier, visant a réglementer le port de signes et les pratiques religieuses dans l’entreprise, après l’affaire Baby Loup. Comme en 1989, la majorité socialiste a tergiversé et, finalement, rejeté cette proposition de loi.

Aujourd’hui, la question se pose dans l’enseignement supérieur public. Comme le souligne le dernier rapport du Haut Conseil à l’intégration, qui a défrayé la chronique estivale, « on assiste par endroits à la montée en fréquence, dans les institutions universitaires, de revendications communautaristes, le plus souvent à caractère religieux, qui mettent à mal la pratique de la laïcité et laissent parfois les autorités désemparées quant aux réponses à donner ». Face à ce nouveau défi adressé à la République, faut il feindre l’ignorance, comme la ministre de l’Enseignement supérieur, ou déclarer le problème périphérique, comme le fait l’Observatoire de la laïcité, officiellement chargé par François Hollande de traiter de ces questions ?
L’interdiction du port de signes religieux ostensibles, dont le foulard islamique, dans les lieux d’enseignement supérieur semble pourtant emporter un très large soutien des Français selon les enquêtes d’opinion. Faut-il l’ignorer ? Comme Charles Péguy, j’estime qu’ « il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit ». D’ailleurs, d’un établissement à un autre, les pratiques ne sont pas nécessairement les mêmes. Pres d’un tiers des étudiants français (BTS, classe prépa…) effectuent leur scolarité sous l’empire de la loi du 15 mars 2004, prohibant le port de signes religieux ostensibles.

Il y a lieu non seulement de préciser, dans le cadre des règlements intérieurs, les obligations des étudiants au regard du principe de laïcité en matière d’enseignement, mais aussi, par la loi, d’étendre l’application de la loi de 2004 aux salles et lieux d’enseignement des établissements publics d’enseignement supérieur. Tel sera l’objet de la proposition de loi que je déposerai à la rentrée parlementaire.
Sur la laïcité, j’estime qu’il est possible et souhaitable d’avoir un large consensus. Cette démarche me paraît indispensable pour garantir la cohésion de notre République et lutter contre le communautarisme et le fanatisme qui menacent l’avenir de notre pays. C’est désormais au gouvernement et au président de la République de prendre leurs responsabilités.

 

Article paru dans le magazine Valeurs Actuelles : http://www.valeursactuelles.com/