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Revue de presse – Le Figaro : « Taubira reste prisonnière des vieilles lubies de 1968 »

INTERVIEW – Le député UMP des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, estime que les projets de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, impliquent la fin programmée des courtes peines.

LE FIGARO – Que vous inspirent les projets en cours?

ÉRIC CIOTTI – Mme Taubira reste prisonnière des vieilles lubies soixante-huitardes, qui considèrent par nature la sanction comme dangereuse. Elle veut privilégier l’impunité pénale comme moyen de lutte contre la récidive. Depuis sa nomination, elle a multiplié les annonces laxistes: suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs, disparition des peines planchers, reniement de la promesse de M. Hollande de doubler les centres éducatifs fermés. Et là, encore plus grave, au prétexte de désengorger les prisons, c’est la fin programmée des courtes peines.

Mais pour des faits mineurs…
Absolument pas! On nous fait croire que les sanctions alternatives qu’elle va systématiser concernent des petits délits. C’est totalement faux! Cela couvre des peines de prison qui peuvent aller jusqu’à trois ou quatre ans ferme, puisque, déjà, les aménagements de peine se sont généralisés pour les faits punissables de deux ans d’emprisonnement. Les faits concernés peuvent donc être très graves. Ils incluent même des cas de violences physiques. C’est une refonte très inquiétante de tout notre Code pénal.

L’objectif affiché n’est-il pas la lutte contre la récidive?
On nous vend une pseudo-étude, où il apparaîtrait que ceux qui ont droit à une libération conditionnelle récidivent moins (39 %) que ceux qui n’ont droit à aucun aménagement de peine (63 %). Mais cette présentation est biaisée. Car ce ne sont pas les mêmes profils. Ceux qui ont déjà droit à plus de mansuétude sont des individus au passé moins lourd, offrant des garanties de réinsertion. Ils sont forcément plus souples que ceux que les magistrats préfèrent emprisonner. Les comparer est une supercherie. Et tout cela pour justifier des libérations massives! Une autre étude, sur les grâces du 14 Juillet, avait, au contraire, démontré que systématiser les aménagements, sans tenir compte des profils, aboutissait à d’importants échecs.

Mais les prisons sont surpeuplées?
C’est le comble! La garde des Sceaux considère que, puisque les prisons sont pleines, il n’y a qu’à les vider. Allez expliquer ça aux victimes! Alors que nous avions prévu sous le gouvernement Fillon de créer 23.000 places supplémentaires.

Est-ce la fin annoncée du plan prison des années Sarkozy?
C’est une évidence. Alors que la France dispose de l’un des plus faibles nombres de places de prison par habitant de l’Union, très en dessous de la moyenne européenne. Prétendre que notre pays incarcère plus qu’ailleurs est un mensonge. Et en tirer argument pour supprimer une partie des peines de prison, au profit de formules sans valeur dissuasive, c’est, d’une certaine manière, faire pression sur les magistrats et surtout se moquer des Français.

Par Jean-Marc Leclerc