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Interview exclusive d’Eric Ciotti : « Si je suis candidat, c’est pour rompre avec ce sentiment d’impuissance du politique et réinstaurer une véritable vision de la France à long terme. »
 
­LE FIGARO – Vous êtes candidat à la présidence des Républicains. Comment accueillez-vous l’entrée en campagne de Virginie Calmels ? Elle dit ne pas se résigner à voir « LR se rétrécir sans ligne claire » 

Eric CIOTTI – Je me réjouis que la présidence de notre famille politique suscite de l’intérêt. Plus nous pourrons débattre avec des personnalités et des profils différents, plus ce scrutin aura de la force et le vainqueur aura une légitimité incontestable. 

Beaucoup s’inquiètent, si vous êtes élu, d’un éclatement du parti et d’une nouvelle hémorragie des militants. Pourrez-vous rassembler ? 

L’éclatement et l’hémorragie ont malheureusement déjà eu lieu. Notre parti est en danger de mort. Depuis 2007 nous n’avons plus gagné d’élection nationale et nous avons subi une défaite terrible à l’élection présidentielle. Ne pas réagir face à cette situation en prolongeant les lignes de prudence nous conduirait inéluctablement à la disparition. Je propose au contraire, un schéma de rupture, d’audace et de courage. Je suis convaincu que c’est en redevenant elle-même que la droite retrouvera une attractivité et deviendra un pôle de rassemblement. Le rassemblement ne peut pas se faire sur la base du plus petit dénominateur commun idéologique car cela conduit à l’invisibilité électorale. Je suis de droite, je l’assume et je ne m’en excuserai jamais. Je crois qu’en affirmant clairement une ligne droite et forte, nous pourrons faire revenir vers nous des électeurs qui nous ont quittés. Je veux être le candidat des idées et de la clarté. Je veux proposer une véritable révolution idéologique avec trois piliers porteurs : la liberté, l’autorité et le travail. 

Vous y avez pourtant cédé vous-même en réagissant par un tweet à certains événements… 

Je ne suis pas adepte de la langue de bois. Je crois que la politique manque cruellement de sincérité et de vérité. Je dis les choses. Je dénonce depuis des années la dangereuse évolution de notre pays, victime des errements et des fautes de dix années de hollandisme et de macronisme. Dès mon élection en 2007, j’ai voulu dénoncer les conséquences d’une immigration incontrôlée sur la montée de la violence et du communautarisme islamiste dans notre pays. Les faits hélas, m’ont donné raison et aujourd’hui, tout le monde est sur cette même ligne. Je crois que face à l’urgence absolue dans laquelle se trouve notre pays, nous avons le devoir de rompre avec le politiquement correct en ayant le courage de dire la vérité. Mais bien sûr, ce courage ne peut se réduire au constat, il doit s’accompagner d’actes forts. Là où j’ai été en mesure d’agir, j’ai toujours privilégié l’action. À la tête du Département des Alpes-Maritimes, j’ai diminué la dette, les dépenses et les impôts. Député, j’ai fait voter des lois qui permettaient notamment de supprimer les allocations familiales aux parents ne respectant pas leur devoir d’éducation ou d’instaurer ce fameux encadrement de type militaire des mineurs délinquants. Si je suis candidat, c’est pour rompre avec ce sentiment d’impuissance du politique et réinstaurer une véritable vision de la France à long terme.
 
Quand Gérald Darmanin défend à Mayotte, l’ouverture d’un « centre de rééducation et de redressement », votre idée il y a dix ans, de fait vous applaudissez ?
 
J’applaudirai si messieurs Macron et Hollande n’avaient pas eux-mêmes détruits ce dispositif que j’avais créé et qui est toujours dans la loi. C’est l’exemple même de la confusion macroniste permanente ou les mots se substituent à l’action. Pour moi, le macronisme n’est qu’une prolongation du hollandisme : ces deux quinquennats auront conduit au déclassement de notre pays. Jamais la France n’a été aussi fragilisée, notre hôpital public est à terre, notre système éducatif s’est transformé en une puissante usine à inégalités, notre modèle d’intégration ne produit plus que du communautarisme. La violence gangrène des territoires entiers, devenus zones de non droit. Les impôts atteignent le niveau le plus élevé au monde alors que le poids de la dette nous menace dangereusement. Ce ne sont pas les agitations de Messieurs Darmanin ou Le Maire qui changeront la donne. Ce n’est que de la communication stérile. C’est pour cela que je souhaite que les Républicains s’opposent avec force et clarté à ce pouvoir. Il faut une certaine dose de culot à monsieur Macron pour accuser les Français d’insouciance alors que le seul qui a été insouciant, c’est lui.

Vous défendez une ligne d’opposition au macronisme mais vous avez voté différents textes du gouvernement à l’Assemblée…

Notre vocation à l’Assemblée est d’abord d’éviter le chaos voulu par les amis de monsieur Mélenchon. Je n’ai pas envie que la France devienne demain le Venezuela de l’Europe. Face à ce danger, nous prendrons toujours nos responsabilités. Avec Olivier Marleix à la tête des députés LR et la majorité sénatoriale autour du président Larcher, nous avons voulu améliorer les textes à la recherche de l’intérêt général. Nous avons obtenu des résultats comme la quasi disparition des 35 heures grâce à la défiscalisation des heures supplémentaires et le rachat des RTT. Pour autant, les moments décisifs vont arriver avec l’examen du texte budgétaire, et nous ne pourrons cautionner de quelque manière que ce soit, un gouvernement qui dépense sans compter et laisse les déficits et la dette se creuser. Emmanuel Macron n’a conduit aucune réforme structurelle et nous laisse sous la menace d’un blackout à l’hiver prochain. Quel retour en arrière !

Que manque-t-il aux Républicains pour se faire entendre et exister ?

Les idées de droite que nous défendons sont majoritaires dans le pays mais d’autres s’en sont accaparées, au gouvernement comme à l’extrême-droite. Je refuserai d’accepter pour ma part que l’on nous pille nos idées. Quand la droite est de droite, il n’y a pas d’espace pour l’extrême droite et la confusion macroniste. N’ayons pas peur de nous-mêmes.
Vous parlez de droitisation de la société mais jamais le parti n’a été aussi faible. Comment expliquer ce paradoxe ?
Face à une doxa de gauche nous n’avons plus assumé notre positionnement. Nous avons aussi raté du fait de manœuvres qui ont entaché la présidentielle, le tournant de 2017 ou François Fillon avait porté un formidable projet de redressement dont j’assume totalement l’esprit. Nous devons tirer les conséquences de ces échecs. Nous nous redresserons d’abord par les idées et ensuite par le choix très clair de celui qui les portera lors de la prochaine présidentielle. Pour moi, ce ne peut être que Laurent Wauquiez. À ses côtés, le parti devra être le promoteur de ce grand projet novateur. La gravité de la situation du pays doit nous inviter à porter des idées fortes. À l’image de ce que porte Liz Truss en Grande Bretagne, je veux être le candidat de la baisse massive des impôts.

Comment parler au cœur des militants LR comme au reste de la droite non encartée ?

Je veux renouer le lien entre notre parti et nos électeurs. Un parti qui serait coupé de sa base n’a pas d’avenir. Mon approche n’est pas celle d’un repli mais au contraire, celle d’un élargissement. Pour moi, l’élection à la présidence de LR n’est pas un débat sur les modalités de fonctionnement du parti ni sur son organisation. Le débat doit permettre de trancher notre ligne avec l’objectif de revenir au pouvoir. Je souhaite aussi que l’on investisse des terrains nouveaux, notamment celui d’une transition écologique réussie et intelligente, qui repose sur la science, l’innovation et le projet. Ce n’est pas la décroissance, l’accumulation des interdits de plus en plus grotesques qui apporteront une réponse pertinente aux enjeux climatiques. Il nous faut aussi nous réapproprier le sujet de l’éducation dont l’affaiblissement aujourd’hui construit la désagrégation de notre société. Je pense également à la santé où nous devons sauver notre modèle français. Je veux également reparler de la valeur première du travail autour de la hausse des salaires. Nous devons être le parti qui parle aux entreprises. Pour moi, le mot libéral ne doit plus être un tabou. Nous devons enfin, guidé par un esprit de modernité, nous ouvrir à d’autres catégories, répondre à l’aspiration des femmes qui demandent légitimement plus d’égalité, aux jeunes et aux urbains. Le président des jeunes républicains Guilhem Carayon qui a décidé de me soutenir m’accompagnera dans cette mission.  

Nicolas Sarkozy peut-il peser dans la reconstruction des Républicains dont il a été le fondateur ?

Nicolas Sarkozy a dit à plusieurs reprises qu’il ne se mêlerait plus de politique nationale. C’est une décision de sagesse.­