Mon actualité

Pour que la France ne devienne pas Molenbeek !

L’actualité tragique des attentats de Paris et de Bruxelles expose au monde entier la réalité d’une ville au cœur de la capitale de l’Europe, Molenbeek, devenue le creuset de l’islamisme radical sur fond de dérive communautaire. Le ministre de l’économie, Michel Sapin, a dénoncé la responsabilité et la naïveté des autorités belges dans cette dérive qui relie communautarisme et terrorisme. Il a sans doute raison. Mais nous devons, enfin, avoir la lucidité et le courage de dire que beaucoup de Molenbeek se sont installés, hélas, au cœur même de la France et que nos dirigeants en portent la même responsabilité. Le communautarisme se répand, de plus en plus, dans nombre de territoires perdus de la République. Nous observons sans réagir le changement brutal de certains quartiers transformés en ghettos ethniques et religieux. Le port du voile y est devenu la règle. Les commerces communautaires ont chassé toute autre forme d’activités. Les lieux de culte salafistes s’y sont multipliés. Ces quartiers conjuguent misère sociale et économie souterraine. Le trafic de drogue, comme à Saint Denis ou à Sevran, y est devenu la première source de revenu. Le trafiquant de drogue est devenu le modèle. Dès lors, les passerelles entre communautarisme et radicalisation, entre délinquance et dérive djihadiste s’effectuent de plus en plus naturellement. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment la France des Lumières et des droits de l’Homme, de la laïcité et de la loi 1905, peut-elle se soumettre à un obscurantisme religieux et à la loi de la violence ? Nous dressons aujourd’hui ce sombre diagnostic parce que la République a trop longtemps reculé ! Des signes religieux à l’université au port de la burqa, des menus confessionnels aux consultations médicales séparées, des salles de prières dans les entreprises aux accompagnatrices scolaires voilées, le fait religieux s’est, à nouveau, répandu dans l’espace public. La laïcité, qui avait érigé le rempart le plus solide contre les communautarismes, ploie sous les assauts répétés de ceux qui portent la religion comme l’étendard de leur modèle social, culturel et politique. Hier, le gouvernement a retiré, in extremis, dans le projet de loi El Khomri l’article qui devait introduire une liberté de pratique religieuse quasi totale au sein de l’entreprise. Mais combien d’autres renoncements au principe de laïcité, tout autant dangereux, a-t-il tolérés ou suscités par manque de courage ou par clientélisme électoral : les mères voilées accompagnant les sorties scolaires, les quartiers laissés à la loi des « frères », les prêcheurs de haine tolérés dans nos cités, l’abandon de la crèche Babyloup ? Alors que Jacques Chirac, aiguillonné courageusement par François Baroin, avait proscrit tout signe religieux ostentatoire du sanctuaire scolaire en 2004, alors que Nicolas Sarkozy avait fait interdire le port de la burqa dans l’espace public en 2010, François Hollande restera dans l’histoire comme le premier président de la République, qui a délibérément renoncé à défendre la laïcité pour flatter un communautarisme religieux auquel il est redevable. Rien n’est plus dangereux pour l’avenir ! La France ne peut devenir un gigantesque Molenbeek ! Pour cela, nous devons rompre avec les petits accommodements et les grandes lâchetés de ces dernières années qui ont conduit à désagréger l’autorité républicaine dans certains territoires. Restaurer notre identité nationale comme rempart au multiculturalisme. Cesser de sacrifier nos traditions, notre culture et notre mode de vie pour faciliter l’intégration de ceux qui ne voudraient pas les assimiler. Cesser de diluer l’histoire de France. Cesser de revendiquer des droits sans que nul ne songe à évoquer les devoirs. Cesser d’abandonner l’héritage de notre civilisation sous le commandement de la diversité. Nos perspectives d’avenir ne dépendent pas tant des mesures à prendre que de notre capacité collective à faire tomber les tabous qui ont trop longtemps entravé toute action courageuse. Beaucoup de temps a été perdu, mais il n’est pas encore trop tard pour la reconquête de ces territoires et, bien au-delà, pour la préservation de notre modèle républicain. J’ai la conviction que ce combat contre le communautarisme et pour une laïcité exigeante constitue le principal défi que devra relever notre pays dans les prochaines années. Tribune publiée le 25 mars 2016 dans Le Figaro]]>