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« Manuel Valls n’excelle qu’en communication »

Paris Match. Manuel Valls déclare la « guerre à la barbarie » qui secoue Marseille. Spécialiste à l’UMP des questions de sécurité, le soutenez-vous ?

Eric Ciotti. Manuel Valls est définitivement meilleur à l’oral qu’à l’écrit. Je peux approuver ce discours mais, malheureusement, il mène cette guerre avec un sabre de bois. Jamais les moyens de la police n’ont été aussi faibles. Résultat : certains commissariats ne peuvent même plus payer le carburant de leurs véhicules. Et en assumant totalement la politique pénale de Mme Taubira qui peut se résumer en un message d’impunité lancé aux délinquants, il se condamne par avance à l’échec. Ce n’est pas en faisant venir des CRS qu’on réglera le problème marseillais. C’est en augmentant les moyens de la police judiciaire et de l’autorité judiciaire.

L’UMP multiplie les critiques contre Manuel Valls. Vous trouvez qu’il plaît trop à votre électorat ?

Je crois que le brouillard qui entoure sa politique est enfin en train de se dissiper. Depuis juillet dernier, jamais la délinquance n’a autant augmenté dans notre pays, malgré tous les stratagèmes qu’il met en place pour dissimuler les statistiques. La seule habileté que je lui reconnais, c’est en matière de com. Là, Manuel Valls excelle !

Mais sur les Roms qui, dénonce Valls, « ne veulent pas s’intégrer dans notre pays », n’est-il pas plus ferme que vous ?

Là encore, on pourrait approuver le discours. Mais où sont les actes ? Dans le département des Alpes-Maritimes que je préside, nous sommes confrontés à la recrudescence de cette population. Il n’y a plus aucune expulsion ou action de démantèlement de camps engagée.

Christiane Taubira a décidé de supprimer les jurés populaires instaurés par Nicolas Sarkozy. A juste titre puisque ceux-ci n’ont pas fait preuve de leur efficacité ?

Je conteste ce choix. Elle oublie que la justice est rendue au nom du peuple. C’est une nouvelle illustration de la politique irresponsable qu’elle met en place. Elle est prisonnière d’un dogmatisme qui fait que, pour elle, la sanction est par nature suspecte. Au fond, elle craignait que les jurés populaires prennent des sanctions plus sévères.

Qu’avez-vous pensé du livre de Laurent Obertone, « La France orange mécanique », qui dénonce un climat ultraviolent en France ?

Ce livre décrit des réalités, mais pas toute la réalité. Si ce qui y figure correspond trop souvent à ce que connaissent nos concitoyens et s’il est exact que des territoires de non-droit existent en France, décrire pour autant un état généralisé de guerre civile me paraît caricatural et excessif.

Pensez-vous, comme Jean-Pierre Raffarin, que Nicolas Sarkozy va devoir choisir entre affaires et politique ?

Ses choix n’appartiennent qu’à lui. Il serait indécent de vouloir donner de tels conseils à un ex-président de la République et a fortiori à Nicolas Sarkozy.

 
Interview Paris Match