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Lutte contre le terrorisme : « le pire est devant nous, on doit mieux s’armer »

Intervention d’Eric Ciotti à l’Assemblée nationale

INTERVIEW NICE-MATIN – Comme d’autres députés UMP, Eric Ciotti va voter le projet de loi contre les filières djihadistes, présenté cet après-midi à l’Assemblée nationale par le ministre de l’Intérieur. Cependant, l’élu des Alpes-Maritimes, et orateur de son groupe lors du débat, va déposer des amendements pour tenter de durcir le texte.

Vous adhérez donc à ce projet gouvernemental…

La lutte contre le terrorisme nécessite une unité nationale. Mais si les propositions du ministre vont dans le bon sens, elles me semblent insuffisantes. Près de mille Français sont partis faire le djihad. De retour dans notre pays, ils vont constituer autant de menaces, de Merah ou de Nemmouche en puissance.

La situation est-elle grave, comme l’affirme Bernard Cazeneuve ?

Le degré de risque n’a jamais été aussi élevé. Ces Français partis combattre avec l’État islamique, confrontés sur place à une extrême violence, m’inquiètent au plus haut point. Le pire est devant nous et l’on doit mieux s’armer. On a perdu trop de temps sur le blocage des sites internet, sur la mise en place d’un délit pour sanctionner les loups solitaires.

Vous espérez donc durcir le projet de loi…

Effectivement. M’inspirant de l’exemple anglais, je vais déposer quatre amendements. Je souhaite déchoir de leur nationalité française les binationaux ayant commis des actes terroristes à l’étranger. Créer un délit à l’encontre des personnes partant combattre sans l’accord des autorités françaises. Mettre en place des centres de rétention et de réinsertion dans lesquels, sous contrôle judiciaire, interviendraient psychologues, travailleurs sociaux et religieux pour tenter de déradicaliser les djihadistes et évaluer leur dangerosité.

Toutes ces dispositions ne sont- elles pas attentatoires aux libertés ?

Le Conseil constitutionnel appréciera. L’équilibre entre liberté et sécurité est un vieux débat. Compte tenu de l’élévation du risque, notre société doit mieux se protéger.

Soutenez-vous la position du gouvernement sur l’Irak ?

Oui, on doit livrer des armes aux Kurdes et participer au premier rang, sans envoyer de troupes au sol, à cette coalition visant à détruire l’État islamique. A Erbil où je viens de passer trois jours, des réfugiés m’ont longuement raconté ses exactions.

Marine Le Pen appelle à rompre les relations avec le Qatar, suspecté d’aider l’État islamique…

Après cette visite en Irak, j’ai plus que jamais des interrogations sur le rôle de ce pays qui doit clarifier sa position. L’ambiguïté actuelle n’est pas tolérable. On est peut-être allé trop loin dans les liens avec cet émirat.