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Législatives – Eric Ciotti : « C’est dans ces circonstances qu’il faut livrer bataille pour ses idées et ses convictions »

Eric Ciotti a décidé d’être candidat au renouvellement de son mandat parlementaire. Retrouvez son interview à Nice-Matin.

Votre réaction, d’abord, au retour de Christian Estrosi à la tête de la mairie de Nice ?

Christian Estrosi ne s’était pas éloigné de Nice. Il y revient totalement. C’est son choix, je le respecte et je lui souhaite bonne chance dans ce nouveau mandat. Je veux dire aussi mon amitié et ma reconnaissance à Philippe Pradal pour la qualité des relations que nous avons entretenues lorsqu’il a été maire.

Touché par la loi sur le non-cumul des mandats, vous venez de décider, de votre côté, de vous représenter à l’Assemblée. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

Je serai en effet candidat au renouvellement de mon mandat parlementaire car nous sommes dans un moment très difficile pour notre pays et je pense que c’est dans ces circonstances qu’il faut livrer bataille pour ses idées et ses convictions. Ne pas être candidat aurait été pour moi une forme de désertion face aux enjeux pour la France. J’ai noué depuis dix ans, au-delà des clivages politiques, une relation très forte avec les électeurs de ma circonscription et je veux poursuivre dans le même état d’esprit. Je désire également poursuivre à l’Assemblée nationale le travail considérable que j’ai pu y accomplir sur les questions régaliennes. J’y ai notamment déposé voici quelques semaines deux textes de loi de programmation fondateurs : l’un sur la sécurité et la justice, l’autre sur l’immigration. Il faudra demain, quoi qu’il arrive, les mettre en œuvre. Faute de quoi notre pays, soumis à la menace du terrorisme islamiste et à la pression migratoire, connaîtra encore des moments extrêmement douloureux.

Qui souhaitez-vous voir vous succéder à la tête du Département, si vous êtes réélu député ?

Cette question se posera si les électeurs de la première circonscription me font confiance. Cette élection n’est pas acquise, elle sera difficile, je ne veux pas être présomptueux. Si je suis élu, il reviendra alors aux conseillers départementaux de ma majorité de choisir mon successeur. Quoi qu’il arrive, je resterai de toute façon très présent au Département (comme simple conseiller départemental, ndlr), notamment en présidant le groupe majoritaire, pour servir les Alpes-Maritimes et conforter le bilan d’une présidence qui a été marquée par une gestion exemplaire des fonds publics, ce qu’a souligné la Cour des comptes.

Christian Estrosi a dit lundi soir qu’il sera aux côtés des candidats qui ont été exemplaires et n’ont pas faibli face au FN. Vous étiez clairement visé…

Je ne me sens pas visé. Le fait que le Front national ait réalisé son plus mauvais score dans ma circonscription démontre peut-être qu’il y a des méthodes plus efficaces que d’autres pour le faire reculer. Je pense que lorsqu’on est clairement de droite, avec des valeurs assumées, on ne laisse plus d’espace à l’extrême droite.

Emmanuel Macron a fait 62 % dans votre circonscription dimanche. Ça vous inquiète ?

Cela ne m’inquiète pas, bien au contraire. J’ai toujours dit depuis le début qu’il fallait faire barrage à l’élection de madame Le Pen. Nous avons vu dans cette élection et notamment lors du débat qu’elle était incapable d’assumer des responsabilités dans notre pays. Mais je veux dire aussi que ce n’est pas en attaquant et en caricaturant les électeurs du Front national qu’on fera reculer ce parti. Faire reculer le FN, c’est s’attaquer aux vrais problèmes, chômage, insécurité ou communautarisme, qui ont constitué le terreau du vote FN.

Les divergences d’approche entre vous et Christian Estrosi ne fragilisent-elles pas tous les candidats Les Républicains aux législatives dans les Alpes-Maritimes ?

Il est clair que nous n’avons pas eu la même approche dans la campagne de François Fillon, même si je peux comprendre et respecter les positions de Christian Estrosi. Mais le temps est à l’union et au rassemblement de notre famille politique. Ce sera toujours la seule ligne qui me guidera.

Cette présidentielle aura été un immense gâchis pour votre parti…

Ma famille politique a subi une lourde défaite, puisque pour la première fois sous la Ve République elle n’a pas été présente au second tour, même s’il s’en est fallu de quelques centaines de milliers de voix. C’est naturellement une immense déception par rapport à la situation du pays et au besoin vital d’une vraie alternance. Mais cette élection a aussi abîmé notre démocratie, le débat de fond a été confisqué et on a eu droit simplement à de la communication, de l’émotion, de l’image et, hélas pour beaucoup, à de la manipulation et à de la destruction.

Les Républicains peuvent-ils échapper à une implosion ?

Cette implosion était annoncée par certains dès le soir du premier tour. Elle n’a pas eu lieu et elle n’aura pas lieu. L’immense majorité de notre famille est unie, nous avons choisi à l’unanimité celui qui conduirait la campagne des législatives, François Baroin, un homme de convictions et de valeurs, d’expérience aussi, qui incarne à la fois une modernité politique et une indispensable compétence. Nous allons proposer un projet fort et ambitieux et nous avons une alliance solide avec le centre. Pour le reste, il peut y avoir des tentatives de débauchage de tel ou tel, mais elles ne peuvent influencer l’attitude de notre famille politique. Nous avons un devoir, celui de rester unis, parce que je reste convaincu que notre projet est celui dont notre pays a un ardent besoin.

Vous estimez donc que le projet qui était porté par François Fillon doit être conservé tel quel, sans être infléchi ?

Il faut garder l’esprit réformateur de ce projet. Ce serait mentir de dire aux Français que l’on peut continuer comme avant, alors que tous nos grands concurrents ont su faire les choix nécessaires pour redresser leur économie. Mais, en même temps, beaucoup dont je fais partie souhaitent que ce projet adresse un message spécifique aux classes moyennes et notamment aux retraités, qui ont été matraqués fiscalement par cinq années de gestion socialiste. J’ai plaidé pour ma part pour que nous proposions une baisse de 10 % de l’impôt sur le revenu et le retour aux heures supplémentaires défiscalisées.

Que répondez-vous à ceux, comme Christian Estrosi, qui estiment que menacer d’exclusion les élus LR tentés par l’aventure Macron n’est pas une solution et qu’il faut d’abord rassembler ?

Ceux qui iront vers Macron avant les élections législatives devront en tirer toutes les conséquences. Ils se placeront d’eux-mêmes hors de notre mouvement. Plus que jamais, nous avons besoin de clarté et de cohérence. Monsieur Macron a été élu, je respecte sa fonction et je lui ai adressé mes félicitations républicaines. Pour autant, je ne lui accorde pas ma confiance. Pour moi, le risque majeur qu’il incarne, c’est de représenter la stricte continuité avec le quinquennat de François Hollande et ses errements. Nous avons de grandes différences avec M. Macron, en particulier sur sa vision de la Nation. Moi, je n’accepterai jamais une alliance avec quelqu’un qui a accusé nos compatriotes rapatriés et les appelés du contingent qui ont combattu en Algérie de crime contre l’humanité.