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« La laïcité est une digue contre l’islam politique »: retrouvez mon interview dans l’Obs sur la volonté du Gouvernement de modifier la loi de 1905

Vous avez déclaré que la loi de 1905 était un « pilier porteur de notre République ». Serait-ce une loi sacro-sainte ou l’une des nouvelles Tables de la Loi?

Toucher à la loi de 1905, c’est prendre le risque de fragiliser un équilibre patiemment construit pendant plus d’un siècle. Le danger ne vient pas d’un excès de laïcité, mais de la montée de l’islam politique pour lequel les règles religieuses sont supérieures aux règles de la République. La loi de 1905 est une digue contre cette menace. La modifier risque d’ouvrir une brèche dans cet indispensable garde-fou.

Cette loi a été votée au début du xxe siècle, alors que la religion musulmane était très peu présente en France. Par ailleurs, elle a déjà été révisée à plusieurs reprises…

Les révisions n’ont jamais modifié l’esprit de cette loi : protéger la République, permettre à chacun de prier le Dieu qu’il veut, mais aussi empêcher à certains d’imposer à d’autres leur appartenance religieuse. Ce que toutes les religions ont accepté, l’islam doit aussi l’accepter aujourd’hui.

Les propositions du gouvernement menacent-elles cet équilibre?

Certaines des mesures esquissées vont dans le bon sens, notamment celle d’imposer aux associations cultuelles le statut défini dans la loi de 1905. Nombre d’associations cultuelles musulmanes utilisent le statut de 1901, moins contraignant. Cette bascule permettra un plus grand contrôle sur les flux financiers, mais elle ne nécessite pas une modification de la loi de 1905. Il s’agit simplement de la faire appliquer! L’enjeu est de contrôler les financements, dont ceux de l’étranger qui devraient être interdits. Mais en dehors de vagues pistes, nous sommes dans le flou. Voilà plus d’un an que nous attendons le discours du président sur ces questions. Cette hésitation, suspecte, peut traduire une complaisance face au communautarisme.

Il est aussi question de permettre à ces associations de se financer grâce à des revenus locatifs et de demander des subventions pour « réparations et rénovation énergétique»…

Méfiance… Attention à ne pas réintroduire par la fenêtre les financements publics qu’on a interdits par la porte. Le projet du gouvernement me paraît contenir beaucoup d’arrière-pensées dangereuses, et je ne perçois pas de volonté réelle de combattre le communautarisme islamiste. Aucune disposition n’a été prise pour renforcer la laïcité, notamment l’application de la loi contre le port de la burqa dans l’espace public, qui est de moins en moins respectée. Le diagnostic de Gérard Collomb en quittant la place Beauvau est lucide et préoccupant : des territoires sont aujourd’hui livrés aux islamistes. Il faut réagir vite avant qu’il ne soit trop tard.

Propos recueillis par Rémi Noyon publiés dans l’Obs le 15 novembre 2018