Mon actualité

J’appliquerai la préférence nationale et européenne

Éric Ciotti : «Il faut élargir la préférence nationale»


ENTRETIEN – Le parlementaire se pose en candidat de la rupture en matière régalienne, fiscale et sociale.

Éric Ciotti est député Les Républicains des Alpes-Maritimes. 

LE FIGARO .- Avez-vous les 250 parrainages d’élus exigés pour être candidat en décembre ? 

Éric CIOTTI .- Je serai candidat le 4 décembre. Les chances sont équivalentes pour tous et cette élection est très ouverte. Contrairement à ce que l’on entend parfois, le match n’est pas joué d’avance et j’entends bien créer la surprise. Aucun sondage ne peut prévoir le choix des militants.À découvrir

Comment pourriez-vous créer la surprise ?

Je porte une ligne de fidélité et de constance aux valeurs de la droite républicaine. Je n’ai jamais quitté ma famille politique et je suis le seul candidat au congrès à ne pas avoir voté Macron au second tour en 2017. Ma ligne est la plus en phase avec celle des militants, notamment sur l’intransigeance face au Macronisme et sur ma volonté de poser des propositions d’une droite forte, prêtes à rompre avec le politiquement correct, à répondre aux attentes profondes de nos militants.

Quelles sont ces attentes ?

J’identifie trois peurs chez nos concitoyens face à l’avenir, identitaire, social et environnemental. Les Français veulent savoir si la France, demain, sera toujours la France ; si leurs enfants vivront mieux qu’eux et si leurs petits enfants pourront habiter sur une Terre vivable. Des réponses fortes s’imposent. Il faut renverser la table. Nous ne pouvons plus avoir la seule ambition d’aller plus loin que Macron en restant dans le même cadre. Je veux être le candidat qui coupe le robinet d’eau tiède avec des propositions innovantes. Ayons le courage de l’action et de la rupture.

Comment comptez-vous convaincre les adhérents ?

Mon projet porte des idées fortes appuyées sur trois piliers : l’autorité, la liberté et l’identité. Cela implique une réforme constitutionnelle approuvée par référendum pour traiter l’immigration, la sécurité et la décentralisation. Mon engagement sur les sujets régaliens et la protection des Français est connu et, précurseur depuis 15 ans, je me réjouis de voir mes amis me rejoindre alors que certaines caricatures me classaient à l’extrême droite quand j’évoquais ces questions. Mais je veux aussi porter un vrai projet de rupture en matière économique.

Selon quels grands axes ?

Je veux m’inspirer en partie de ce qu’avait proposé François Fillon, avec une réduction des dépenses publiques à hauteur de 100 milliards d’euros, notamment grâce à une réduction du nombre d’agents publics (-250.000).

LIRE AUSSIÉric Ciotti: «Je défends un projet de rupture»

Pour répondre à la nécessité vitale de baisser les impôts et les charges, je propose également une réforme révolutionnaire de la décentralisation basée sur deux échelons territoriaux : une cinquantaine de provinces localisées autour des grandes villes centres (ces provinces d’environ 1 million d’habitants regrouperaient les compétences des départements, des régions et des métropoles) et les communes, cellules de base de notre démocratie.À VOIR ASSI – «Nous avançons vers l’unité, vers le rassemblement»: Eric Ciotti salue la participation de Xavier Bertrand au Congrès LR«Nous avançons vers l’unité, vers le rassemblement»: Eric Ciotti salue la participation de Xavier Bertrand au Congrès LRPlay Video

Comment réaliseriez-vous la rupture dans le domaine fiscal ?

En engageant la suppression de l’impôt sur la mort, les droits de succession et de donation, en deçà d’un patrimoine de 5 millions d’euros, en favorisant la donation entre grands-parents et petits-enfants mais aussi la mise en place d’un taux unique d’impôt sur le revenu à 15%, applicable à tous les revenus au-delà d’un smic. La flat tax permettrait d’avoir une assiette plus large et un taux plus faible, ce qui valoriserait beaucoup plus le travail. Pour financer ces baisses massives d’impôts, je propose de porter l’âge de la retraite à 65 ans, de revenir aux 39h payées 38h dans la fonction publique et de diminuer de moitié les niches fiscales. Enfin, j’avance l’idée d’une fusion de toutes les allocations sociales plafonnées aux deux tiers du smic. L’assistance ne peut pas rapporter autant que le travail.

Vous proposez aussi une large déclinaison de la préférence nationale. Comment ?

Je veux instaurer une priorité nationale et communautaire européenne sur l’emploi, les allocations et le logement. Cette préférence existe déjà pour une part importante d’emplois publics mais nous devons l’élargir à tous les emplois publics et privés, comme c’est le cas en Suisse ou à Monaco. Quant aux allocations sociales non contributives (RSA, APL, allocations familiales), aucun étranger ne pourra les percevoir avant une présence de six ans sur le territoire national et aucune aide, hors traitement des urgences vitales, ne sera accordée à un étranger en situation irrégulière.

Les plus critiques vous diront que la droite au pouvoir a déjà eu l’occasion de réformer…

Ce procès n’est pas juste. Chacun mesure le déclin de la France en dix ans depuis l’élection de François Hollande et l’irruption du macronisme. Lorsque nous étions au pouvoir avec Nicolas Sarkozy, notre pays a tenu malgré la pire crise financière subie depuis 1929. Mais j’entends les attentes légitimes, nous n’avons plus le droit de décevoir nos concitoyens. C’est pourquoi une rupture est nécessaire.

On vous a reproché, y compris chez LR, d’avoir déclaré que vous voteriez Zemmour contre Macron. Quand vous parlez de rupture jusqu’où proposez-vous d’aller ?

Eric Zemmour dresse un constat que je partage sur le déclin français. En revanche, je ne vois pas les solutions d’Eric Zemmour pour faire face à ce déclin. Ces solutions sont dans les mains du candidat Républicain qui gagnera le congrès le 4 décembre. Je suis profondément convaincu de la nécessité pour notre pays de voir Emmanuel Macron quitter l’Elysée car son quinquennat, ajouté à celui de François Hollande au sein duquel il a œuvré activement, ont dangereusement abaissé notre pays.

Seul un candidat LR pourra le battre, même si j’assume ma prise de position, entre Macron et Zemmour je voterai Eric Zemmour. Mais ce scénario me semble hautement improbable, Eric Zemmour ne peut d’ailleurs pas gagner face à Macron.

Christian Jacob vous a réunis mardi au nom de l’unité. Le risque de divisions existe-t-il ?

La compétition et l’émulation sont saines en démocratie. Il y a des différences et il sera inutile de les édulcorer. Chacun est animé par un esprit de responsabilité face à l’enjeu.À

Pourquoi une dynamique pourrait-elle surgir soudainement après le 4 décembre ?

Cela faisait longtemps que les enquêtes d’opinion ne nous avaient pas placés en situation d’être présents au second tour. C’est un élément nouveau et une base extrêmement importante. La dynamique du congrès nous permettra de franchir les 20% et de nous installer durablement au second tour. Cette dynamique viendra de l’unité – elle est acquise -, du projet – il est le plus sérieux – et de l’équipe – elle sera la plus expérimentée. Enfin, on sent monter une certaine inquiétude du côté d’Emmanuel Macron. Il voulait installer un duel définitif avec Marine Le Pen, son assurance-vie politique et il constate que cette hypothèse est en perte de probabilité. Mieux que quiconque, il sait qu’un candidat de droite peut désormais le battre en devenant le pivot d’un large rassemblement. Il a raison d’être inquiet.

Combien d’électeurs cette élection interne peut-elle mobiliser ?

La mobilisation est grande, je vois des militants revenir après avoir quitté notre famille. Il n’est pas impossible que nous puissions atteindre la barre des 120.000 inscrits.

Avant de débattre avec vos adversaires LR, quel message devraient-ils entendre ?

Que personne ne trahisse l’espérance des électeurs de droite. Pour moi, les choses sont claires : pas d’alliance avec le macronisme, ni aujourd’hui, ni demain.