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Interview dans le Figaro: Nous revenons dans les lieux de pouvoir pour reprendre le pouvoir.

Où en sont les Républicains concernant l’hypothèse d’une motion de censure évoquée en janvier ?

Nous avons toujours dit que face à un sujet qui mettrait gravement en péril l’avenir de notre nation, nous n’excluons aucun outil institutionnel. Nous sommes toujours dans le même état d’esprit. Aujourd’hui, le gouvernement évite soigneusement le Parlement qui est devenu un studio de communication pour le Président de la République. Mais en attendant, aucune délibération ne s’y déroule. Nous prendrons nos responsabilités en conscience, le moment venu. 

 Jugez-vous une dissolution inévitable ?

Il y a une déconnexion de plus en plus forte entre une immense majorité de Français et le pouvoir actuel, qui est minoritaire à l’Assemblée nationale. Quand la question de la légitimité démocratique de l’exécutif se pose, la seule réponse pertinente est le retour aux urnes notamment par le biais du referendum comme nous le proposons avec le RIP. 

Serez-vous présent jeudi à la réunion format Saint-Denis à laquelle Emmanuel Macron convie les chefs de parti pour parler de l’Ukraine ?

Dans la mesure où elle porte sur un sujet particulièrement lourd de conséquences pour l’avenir de notre nation, je serai présent à cette réunion. À cette occasion, je dirai à Emmanuel Macron combien sa prise de position sur l’envoi de troupes au sol en Ukraine me paraît périlleuse. Cette position a conduit à un isolement total de la France sur la scène internationale. Elle me paraît irréfléchie et irresponsable. J’espère que derrière cela, il n’y a pas la seule volonté de jouer avec les peurs, comme cela fut le cas pendant la non-campagne présidentielle. Derrière chaque décision d’Emmanuel Macron se trouve désormais un artifice de communication. Mais je crois qu’on ne peut pas jouer avec l’avenir de notre nation et des Français sur un sujet aussi grave. 

Laurent Wauquiez parle de “faute”… 

C’est bien entendu une faute et c’est même sans doute plus grave si l’on considère qu’il y a des arrière-pensées de politique politicienne à la veille des élections européennes. On voit bien le scénario de duel artificiel que veut installer M. Macron :  d’un côté le RN, dépeint comme incarnant le camp Poutine et de l’autre, le camp Macron incarnant la liberté. Cette approche est caricaturale, grossière et insupportable. 

En tant que chef de guerre le chef de l’Etat n’a t-il pas une légitimité pour impulser un engagement des alliés face à la Russie ?

Pour cela, il faudrait une vraie crédibilité. Or, sa situation au sein des institutions européennes, comme son bilan français, lui ôtent toute légitimité… Sur des sujets aussi graves, lorsqu’on s’attaque à la seconde puissance nucléaire du monde, je pense que l’on doit peser chaque déclaration au trébuchet de l’intérêt national.

Que révèlent selon vous les séquences polémiques du président, des heurts lors du salon de l’Agriculture aux déclarations sur l’Ukraine ? 

La provocation comme grosse ficelle de communication est aujourd’hui la dernière corde de rappel du macronisme. Emmanuel Macron prétendait rassembler la nation dans une approche centrale consensuelle. Jamais un président de la République n’a autant fracturé le pays. On ne peut là aussi continuer à gouverner par provocation. Inviter les Soulèvements de la Terre à débattre au salon de l’Agriculture revenait à griller une allumette dans une grange de foin sec. On voit bien la volonté d’Emmanuel Macron de tout faire tourner autour de lui dans une forme de dérive d’un pouvoir personnel. La visite plus apaisée du premier ministre montre qu’un conflit d’images est d’ores et déjà en train de s’installer entre les deux têtes de l’exécutif. Et cela ne présage rien de bon pour le pays.

De l’IVG lundi à Versailles l’autonomie de la Corse dans la République, en passant par la Nouvelle Calédonie, Mayotte et la décentralisation, les initiatives constitutionnelles du chef de l’Etat marquent-elles une volonté d’agir ?

S’agissant de l’IVG, il s’agit, là encore très clairement d’une stratégie de communication qui visait à piéger les oppositions. Nous y avons répondu de la meilleure manière en étant conformes et fidèles à notre histoire. Je n’oublie pas que la famille que j’ai l’honneur de présider est celle de Simone Veil et de Lucien Neuwirth. Nous concernant, chacun a voté en conscience. Depuis des années, j’ai toujours fait part de mon attachement à porter le plus haut possible la défense du droit des femmes et la liberté sur ces questions sociétales.  Si je ne détecte aujourd’hui aucune menace concernant le droit à l’IVG en France, je soutiens tout ce qui va dans le sens d’une plus grande protection. J’ai donc voté pour à l’Assemblée comme au Congrès. Quant à la Nouvelle-Calédonie, il y a urgence à réformer la composition du corps électoral. Une réforme constitutionnelle s’impose donc. Sur la Corse, si par principe je ne suis pas hostile à un statut d’autonomie, je reste très vigilant quant au contenu du texte qui nous sera présenté et qui, en aucun cas, ne doit s’assimiler à un démembrement de la République. Je suis ainsi totalement opposé à la création d’un pouvoir législatif conféré à la collectivité territoriale de Corse. 

Gabriel Attal a annoncé une réforme de l’AME (Aide médicale d’Etat) par voie réglementaire avant l’été. Vous attendiez un projet de loi. Le premier ministre trahit-il la promesse d’Elisabeth Borne ?

Très clairement, le passage par voie réglementaire ne suffira pas à corriger les défauts de l’AME. L’AME installe une insupportable injustice entre les Français, qui n’ont pas accès aux prestations médicales prises en charge à 100%, et les étrangers qui ont violé la loi de la République et bénéficient d’un accès totalement gratuit aux soins. Il y a donc une trahison de la parole donnée dans le courrier adressé par Elisabeth Borne à Gérard Larcher. Alors que l’on nous dit que ce gouvernement est de droite, il faut que les Français mesurent son absence de courage à faire bouger les lignes sur un sujet aussi important. Ce, du fait de la pression de la gauche et de l’extrême gauche de la majorité.

Loi Egalim, fin de vie… comment le groupe LR compte t il aborder les textes du gouvernement dans les mois à venir ?

Encore faut-il qu’il y en ait, des textes. On voit le président de la République et le premier ministre théoriser l’absence du Parlement dans les grands choix. Nous aborderons toujours les textes dans un esprit pragmatique pour apporter les meilleures réponses à la crise très grave que connaît le pays aujourd’hui. 

Le tandem Bellamy/Imart semble bien fonctionner mais les sondages ne décollent pas encore…

Le tandem fonctionne très bien et installe une parfaite complémentarité. Je suis convaincu que notre liste est la seule à apporter des réponses conciliant notre attachement à l’idéal européen et la défense des intérêts de la France en Europe, là où M. Macron les a trop souvent sacrifiés. Nous sommes européens mais nous nous installons contre la dérive technocratique des institutions européennes.

La délégation française votera contre la présidence d’Ursula Von der Leyen. Pourquoi ? 

Madame Von der Leyen est la candidate de Macron, pas celle de la droite républicaine.  Nous récusons sa politique technocratique autant que sa vision fédéraliste de l’Europe. Depuis son élection, elle a affaibli le projet européen. C’est pour cela qu’à ma demande, les Républicains voteront contre la candidature de madame Von der Leyen à sa réélection. 

Vous inaugurerez prochainement votre nouveau QG, situé juste en face de l’Assemblée nationale. Quel est le message ?

Nous revenons dans les lieux de pouvoir pour reprendre le pouvoir. C’est l’objectif que je me suis fixé en étant élu à la tête des LR. Nous devons retrouver la première place et enrayer la spirale des défaites.

Source: https://www.lefigaro.fr/politique/eric-ciotti-nous-revenons-dans-les-lieux-de-pouvoir-pour-reprendre-le-pouvoir-20240305
Photo: François Bouchon / Le Figaro