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Eric Ciotti veut ajouter le mot "laïcité" à la devise de la République tout en inscrivant les racines chrétiennes de la France dans la Constitution

VALEURS ACTUELLES – Ajouter le mot « laïcité » à la devise de la République tout en inscrivant les racines chrétiennes de la France dans la Constitution : le député LR des Alpes-Maritimes ouvre dans « Valeurs actuelles », avec sa proposition de loi, un débat brûlant. Pour la première fois, il s’explique. Pourquoi mener aujourd’hui cette offensive sur la laïcité ? L’objectif de cette proposition de loi constitutionnelle vise à mieux protéger le principe de laïcité dans notre société. Aujourd’hui, les atteintes à la laïcité sont de plus en plus fréquentes, les extrémistes religieux, notamment islamistes, de plus en plus conquérants. Les signes et les comportements ostentatoires se multiplient dans les services publics et l’espace public, c’est une évolution extrêmement rapide et violente qui vient bouleverser un équilibre vieux de cent dix ans, depuis la loi de 1905. À l’hôpital, des personnes refusent pour des motifs religieux de se faire soigner par un homme, ou par une femme, certains veulent imposer une séparation entre hommes et femmes dans les services publics, on l’a vu dans les piscines lilloises. Trop longtemps, nous avons refusé devoir la réalité en face. Rien ne saurait tolérer cette évolution dangereuse qui constitue souvent une étape vers la radicalisation. La France ne doit pas être une société multiculturelle. Je conteste avec force la théorie des « petits accommodements raisonnables » qui, additionnés les uns aux autres, fondent une grande lâcheté et modifient profondément notre société. N’est-il pas trop tard pour réagir ? Je suis très attaché à la liberté religieuse, chacun doit pouvoir prier le dieu qu’il souhaite, mais la religion relève d’abord de l’intime. Or nous assistons à une offensive de conquête de la sphère collective. Il faut mettre un coup d’arrêt déterminé et sans concessions à cette dérive. Même s’il est déjà tard, je crois qu’il n’est pas trop tard, mais il nous faudra en effet faire preuve d’un très grand courage. La laïcité est un principe fondateur de notre République, je souhaite qu’elle en devienne également la devise. C’est pourquoi, dans l’article 2 de ma proposition, j’ajoute le terme « laïcité » aux trois mots « liberté, égalité, fraternité ». Cette résolution, que je qualifierais de « laïcité exigeante et combative », doit nous permettre d’interdire le port des signes religieux dans les amphithéâtres d’université, comme le font certains pays du Maghreb, mais aussi de couper court aux revendications sur les menus de substitution dans les cantines scolaires. Ayons la même volonté qui a animé certains grands dirigeants qui, par le passé, ont érigé des remparts contre l’obscurantisme et le fanatisme, tels que Nasser en Egypte ou Kemal en Turquie. Cela suffira-t-il à endiguer le communautarisme ? Je souhaite pour ma part aller beaucoup plus loin. Le principe de neutralité existe déjà dans les services publics, mais pas dans le privé. Je suis profondément convaincu également que nous devrons dans un futur proche imposer cette neutralité religieuse à tous les usagers du service public. Il est impensable, selon moi, que l’on rentre à l’hôpital avec des signes religieux qui peuvent heurter ceux qui ne partagent pas les mêmes croyances. Personne ne peut imposer aux autres ses propres appartenances. Vos propositions ne manqueront pas de susciter un tollé. Comprenez-vous les oppositions ? Je suis bien conscient d’aller très loin dans les contraintes associées à cette nouvelle forme de laïcité, mais elles sont pour moi un impératif si nous voulons mettre un terme à l’évolution actuelle, plus que préoccupante, ainsi qu’à la religiosité de plus en plus expressive, qui constitue le meilleur terreau à la radicalisation. Notre société doit avoir avec l’islam le même débat que celui qu’a eu la République avec la religion catholique en1905. Aucune règle religieuse ne peut ni ne doit être supérieure à celle de la République. Pour autant, vous vous êtes fait le défenseur des crèches, qui étaient menacées, en décembre 2014… Cette laïcité exigeante que je propose ne peut et ne doit s’opposer à notre histoire ou à notre culture. Nos concitoyens souhaitent que la France reste la France. Je veux exprimer une distinction profonde entre ce qui relève du culturel et du cultuel. Je refuse que notre passé soit remis en cause par les menaces du présent et de l’avenir. C’est pour cela que je souhaite également modifier l’article 1er de la Constitution pour y inscrire le fait que, si la France est une République laïque, elle est « de tradition chrétienne ». Certains pourraient y voir une contradiction, alors qu’il s’agit pour moi de garantir un équilibre très précieux ne remettant pas en cause tout ce qui a bien fonctionné depuis 1905 pour pouvoir mieux s’opposer aux dérives actuelles. Qui peut nier que notre mode de vie, notre organisation sociale, notre calendrier, notre architecture ont été façonnés par deux mille ans d’influence chrétienne ? Cet héritage est pour moi culturel avant d’être cultuel. Concrètement, cette proposition de loi doit nous permettre de combattre les comportements ostentatoires tout en continuant à célébrer Noël et à installer des crèches dans nos mairies et sur nos places. Figer notre passé, c’est la garantie que les modes de vie auxquels nos compatriotes sont attachés ne seront pas remis en cause demain sous les assauts de l’obscurantisme.   Propos recueillis par Geoffroy Lejeune pour Valeurs Actuelles]]>