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Eric Ciotti : « Un combat pour l’honneur, la morale et la vérité »

Propos recueillis par Albert ZENNOU

LE FIGARO. – Jean-François Copé a été déclaré vainqueur de l’élection à la présidence de l’UMP par la Commission nationale des recours (CNR). Comment réagissez-vous ?

Éric CIOTTI. – Nous ne reconnaissons aucune légitimité à la décision de cette commission qui depuis le départ ne présente aucun critère d’impartialité. Elle est très majoritairement composée d’amis de Jean-François Copé. Me Francis Szpiner, avocat de Jean-François Copé, avait rapidement fixé la feuille de route de cette commission : elle devait déclarer élu le plus vite possible Jean-François Copé. Les choses étaient claires, et sont donc sans surprise. Mais le résultat n’a de fait aucun fondement ni juridique ni politique. Depuis mercredi dernier, date à laquelle nous avons découvert cette forfaiture d’inversion volontaire du résultat dans trois départements d’outre-mer, François Fillon a engagé un combat pour l’honneur, la morale et la vérité. Lundi 19 novembre au soir, malgré toutes les irrégularités dans l’organisation de cette élection et dans le déroulement du scrutin, François Fillon était prêt à ne pas contester le résultat pour ne pas affaiblir notre famille politique. Mais, depuis mercredi, les choses ont changé. Les pratiques que nous avons dénoncées sont dangereuses pour notre famille politique.

La CNR a annulé deux bureaux de vote dont le vôtre dans les Alpes-Maritimes. Quelle est votre réaction ?

On est là encore dans le mensonge et dans un scénario écrit à l’avance depuis plusieurs semaines par M. Copé. S’il y a eu un problème dans ces bureaux, il s’est produit au détriment de François Fillon qui y a sans doute perdu plusieurs centaines de voix. La commission aurait dû honnêtement aboutir à un nouveau vote.

De très nombreux militants se disent furieux de la tournure prise par cette élection. Que leur dites-vous ?

Nous mesurons la détresse, voire la colère de nos militants, mais rien ne serait pire pour l’avenir que laisser cette élection se bâtir sur un mensonge. Aujourd’hui, tous les moyens doivent être mobilisés : d’abord les moyens politiques mais aussi juridiques pour que nous puissions sortir de cette crise par le haut.

À quelle issue juridique faites-vous allusion ?

Je ne vois qu’une seule issue possible à cette impasse: provoquer de nouvelles élections. La démocratie interne a été bafouée dans ce scrutin. Et le seul moyen de laver cet affront est d’organiser un nouveau scrutin exemplaire qui donnera à l’équipe élue sa légitimité et qui permettra de reconstruire l’unité de toute notre famille. Je suis convaincu que ce sont les militants qui ont maintenant la solution de la sortie de crise. On évoque la possibilité pour François Fillon de constituer un groupe parlementaire autonome. François Fillon réunit mardi matin les parlementaires qui l’ont soutenu pendant cette élection. Nous déciderons ensemble de l’organisation politique qu’il convient de mettre en place pour préparer l’avenir. Que nous sortions le plus vite possible de cette crise.

Après de tels affrontements au sein de l’UMP, une réconciliation est-elle encore possible ?

Nous partageons les mêmes valeurs et un même combat. La séparation s’est faite sur des problèmes de politique et de morale. Lorsque les élus de notre mouvement mesureront ce qu’il s’est réellement passé, nous pourrons tourner la page et retrouver notre unité.