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Eric Ciotti face à la Rédaction de Nice-Matin

Eric Ciotti a répondu cette semaine aux questions de la Rédaction de Nice Matin. Mariage pour tous, UMP, un an de socialisme, autant de sujets sur lesquels il est revenu…

Oui, il faudra réécrire le texte du mariage pour tous

La loi sur le mariage pour tous a été adoptée. Croyez-vous vraiment au recours déposé par le groupe UMP devant le Conseil constitutionnel ?

Je ne fais pas de pronostics. Mais il y a des arguments solides. Sur la forme d’abord puisque la procédure de l’examen de ce texte devant l’Assemblée s’est faite en violation du règlement intérieur. Le temps de parole de l’opposition n’a pas été respecté. Et sur le fond, il y a des questions relatives à la modification de l’adoption et de la filiation qui sont soulevées.

Si le texte est validé, êtes vous favorable à son abrogation si la droite revient au pouvoir ?

Je suis sur la ligne définie par François Fillon : il faudra que l’on réécrive ce texte. Si elle est promulguée, la Loi de la République sera appliquée, naturellement, et en tant que Républicain je la respecterai, mais il faudra revenir sur les questions de l’adoption et de la filiation qui ont motivé notre opposition. Il faudra faire en sorte que l’on proscrive définitivement la PMA qui est une dérive comme pourrait l’être la GPA.

La violence des débats et les débordements des manifestations ne vous incitent-ils pas à calmer le jeu aujourd’hui ?

La question de cette violence il faut la poser au gouvernement. Nous avons dit depuis le début que ce texte était inopportun. Qu’il intervenait dans un moment d’extrême tension dans notre pays, de crise sociale majeure et qu’il portait en lui les germes d’une fracture de notre société. C’est, hélas, ce qui se produit. Je le redis, il fallait aller pour les couples homosexuels dont je respecte le choix de vie, vers une forme d’union civile qui garantisse leurs droits. Mais certainement pas utiliser le mot mariage, nier l’altérité sexuelle, remettre en cause le principe de filiation, supprimer du Code civil les mots père et mère.

On observe une recrudescence d’actes homophobes, comme à Nice récemment. Vous les condamnez ?

Évidemment, avec la plus grande fermeté. Je rappelle au passage que c’est sous l’autorité de Nicolas Sarkozy que la précédente majorité a renforcé les sanctions contre les actes d’homophobie. Pour moi, il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. Ces actes de violence doivent être lourdement sanctionnés.

Que pensez-vous de la position de votre suppléant qui a déclaré qu’il n’aurait pas voté contre la loi ?

Je respecte bien entendu cette position. C’est un débat qui touche aux convictions intimes et personnelles et d’ailleurs nous avions une liberté de vote totale au sein du groupe.

Christian Estrosi a voté contre la loi mais affirme qu’il sera « ravi » de célébrer les mariages homos. Grand écart ?

Un maire doit respecter la loi de la République. Mais, en ce qui me concerne, si j’étais maire, je déléguerais cette mission à un adjoint.

La présence du FN, aux côtés des parlementaires UMP dans les cortèges, c’est embêtant ?

Il faut arrêter la caricature, à ce que je sache, nous ne sommes pas allés à une manif du FN. Et chacun a la liberté de manifester.

Vous figurez sur le « mur des cons » du syndicat de la magistrature, vous allez porter plainte ?

Sûrement, mais ce n’est pas le plus important. Ce qui me choque le plus c’est que sur ce mur figure le général Schmitt, le père de Anne-Laurène Schmitt, cette jeune fille sauvagement, assassinée dans un RER. Je dis que ceux qui ont fait ça n’ont pas leur place dans la magistrature. Et j’espère qu’il y aura des sanctions exemplaires.

La volte-face du gouvernement sur la loi d’amnistie sociale doit vous satisfaire…

J’approuve ce revirement. Mais ce qui m’a profondément choqué c’est l’attitude du gouvernement au Sénat et de la majorité socialiste qui a voté ce texte. Un texte ahurissant, qui légalise la violence, qui donne un blanc-seing aux casseurs, qui installe l’impunité. Heureusement le gouvernement a eu un éclair de lucidité.

Vous êtes sévère avec la loi sur ta moralisation de la vie politique présentée par le gouvernement mercredi…

Pour moi c’est la loi Cahuzac. De quoi s’agit-il : on a un président de la République qui prônait la république exemplaire. Et puis on s’aperçoit que ce président avait comme trésorier de campagne M. Augier qui investit massivement sa fortune colossale aux îles Caïman et puis on a le ministre du Budget qui place son patrimoine en Suisse et à Singapour. Et là on a envie de poser des questions au président. Savait-il ? Si oui c’est d’une extrême gravité et s’il ne savait pas, cela démontre une fois de plus son amateurisme. Et au lieu de ces réponses on nous renvoie un texte sur la transparence politique. Et on dit ce n’est pas Cahuzac qui est pourri, c’est tout le monde, donc il faut changer le système. Moi je n’ai rien à voir avec Cahuzac, je refuse cet amalgame. Ce texte est une grosse ficelle politicienne pour masquer le fait que ce gouvernement se soit fait prendre les doigts dans le pot de confiture.

Regrettez-vous d’avoir dévoilé votre patrimoine ?

En tout cas cela n’a pas été une stratégie politique. De toute façon ce sera une évolution logique dans les années à venir. Mais moi ce qui me fait mal c’est quand je vois le regard que portent sur les élus leurs concitoyens, cette fracture qu’il y a entre eux. Et ça, ce sont les germes d’une dégradation de notre vie démocratique.

La France vient d’être touchée en Libye, est-ce la marque d’une mauvaise gestion de l’après-Printemps arabe ?

S’il y a bien un domaine qui doit exiger l’unité nationale, c’est l’action de la France à l’extérieur, c’est la lutte contre le terrorisme. Et je le dis très clairement, je soutiens sans réserve l’action de la France au Mali par exemple que je juge efficace et qui s’inscrit dans la ligne conduite par Nicolas Sarkozy notamment en Libye.

L’UMP va organiser des primaires ouvertes en 2016 pour désigner son candidat à la présidentielle. Il n’y aura pas de passe-droit, même pour un ancien président de la République ?

Mercredi soir, nous avons fait ce choix à l’unanimité des membres de la commission des statuts. Nous avons vu, hélas, pour nous, le succès des primaires socialistes. Il était difficile de ne pas accompagner cette évolution. Cette règle a vocation à être universelle pour toutes les élections présidentielles. Après il peut y avoir des circonstances politiques particulières, on ne peut pas préjuger de ce que sera l’année 2016. C’est un progrès, un facteur d’union pour l’opposition et de meilleure organisation.

Ces primaires seront-elles ouvertes aussi à d’autres partis notamment l’UDI ?

Je souhaite qu’il y ait le plus large rassemblement. Plus il y aura de formations qui souhaitent s’engager dans ce choix, plus ça sera un gage de succès à la présidentielle.

Comment faire en sorte que ne se renouvellent pas les désordres de l’élection du président de l’UMP ?

Il faudra s’inspirer de ce quia été fait le 18 novembre dernier et faire radicalement le contraire. Cette élection est un cauchemar absolu en matière de transparence. Il faut rappeler que c’est François Fillon qui a gagné cette élection s’il n’y avait pas eu, comme vient de le démontrer le livre « Le Coup monté », une inversion volontaire des résultats. On risquait d’aller vers la scission de l’UMP. François Fillon, qui est un homme d’Etat, a voulu garantir l’unité de notre famille politique. Nous avons décidé de réécrire une page nouvelle. Ses premières lignes doivent concerner la transparence et un nouveau processus démocratique. Ces primaires s’inscriront dans ce cadre. Elles ne seront plus organisées par l’UMP mais par une haute autorité indépendante composée de neuf membres désignés d’un commun accord par Jean-François Copé et François Fillon. Nous avons mis aussi des règles instituant une beaucoup plus grande transparence dans les modalités électorales.

Faut-il réélire en septembre le président de I’UMP comme cela avait été annoncé ?

Il ne faut jamais craindre la démocratie. Seule une nouvelle élection réparera ce qui s’est passé en terme de transparence. S’il n’y avait pas eu d’accord fixant en septembre de nouvelles élections, il n’y aurait plus d’UMP. J’ai tendance à dire aujourd’hui qu’il faut le respecter. Mais avant de regarder ce qui se passe dans notre parti, regardons ce qui se passe dans notre pays. Ce qui préoccupe les Français c’est la situation économique et sociale.

Beaucoup de parlementaires sont pourtant de moins en moins favorables à des élections…

Je ne veux pas qu’on revive ce qu’on a vécu. Notre famille politique a besoin d’unité parce que le pays a besoin d’unité. Je veux dire aux militants qu’il n’y aura plus de guerre à I’UMP.

Quand déciderez-vous ?

Autour du 14 mai. Nous aurons terminé la rédaction des nouveaux statuts. On procède par étapes : d’abord inscrire dans le marbre des nouveaux statuts une nouvelle organisation démocratique et les primaires. Si c’est fait le 14 mai, l’essentiel aura été obtenu ; après on verra bien.

Êtes-vous satisfait de la manière dont Jean-François Copé gère, sous surveillance, l’UMP ?

Nous sommes dans une phase transitoire. Je me réjouis que l’unité ait été préservée. Chacun a fait un pas vers l’autre ; aujourd’hui on travaille ensemble. On pourrait faire encore mieux mais ça progresse tous les jours.

Comment jugez-vous cette première année de présidence de François Hollande ?

Rarement dans l’histoire contemporaine autant de dégâts auront été commis en aussi peu de temps. Les électeurs qui ont voté pour lui espéraient avoir un président de la République, ils ont eu Monsieur Bricolage! La boîte à outils a tout démonté. On a dépassé le record historique de 1997 sur le chômage, on franchira en 2014 le record absolu de prélèvements obligatoires avec 46,5%, la dépense publique et la dette battent aussi des records, il y a 45 000 victimes de délinquance de plus… Sans parler des dégâts en matière sociétale. La loi sur l’absentéisme scolaire, que j’avais portée, a été abrogée mais n’est remplacée par rien. Aucun secteur n’a été épargné par cette entreprise de démolition. D’ailleurs les Français s’en aperçoivent. M. Hollande avait promis les 75% d’impôt pour les riches, il a eu les 75 % d’impopularité pour lui !

Que doit-il faire ?

Il faut faire exactement l’inverse de ce qu’il fait en matière économique : un axe intangible entre la France et l’Allemagne, baisser nos dépenses publiques, améliorer la compétitivité des entreprises en baissant massivement les charges…

Et sur la retraite ?

Je suis opposé à l’augmentation des cotisations qui pèsera sur les actifs, salariés et entreprises, en dégradant la compétitivité ce qui fera augmenter le chômage. Je refuse aussi la diminution des pensions parce qu’il y a des petites retraites dans ce pays. La seule solution consiste à partager l’effort en revenant à la retraite à 65 ans. Il faudra aussi aligner progressivement tous les régimes: privé, public, régimes spéciaux.

La chute de Hollande ne se traduit pas dans les sondages pour les municipales. Pourquoi ?

Je pense que les enjeux locaux domineront, et c’est tant mieux. Mais il y aura aussi un vote sanction, et j’appelle à ce vote contre les candidats qui se revendiqueront du Parti socialiste.

Quel est l’état d’esprit de Nicolas Sarkozy ?

Je l’ai vu mardi. La situation du pays l’inquiète.

Christiane Taubira ne mérite-t-elle pas mieux que les critiques qu’elle a essuyées à ses débuts ?

C’est un très mauvais garde des Sceaux qui porte une politique extraordinairement dangereuse. Elle est prisonnière d’une idéologie passéiste et défend une politique pénale qui ne peut conduire qu’à l’explosion de la délinquance.

Les prisons sont saturées. Ne faut-il pas privilégier des alternatives à l’enfermement pour les courtes peines ?

La France est un des pays qui incarcère le moins en Europe. La prison reste le meilleur outil de prévention de la délinquance. Je m’insurge contre la position de Mme Taubira qui veut supprimer les courtes peines. S’il n’y a pas de prison pour ces délits, on lance un message d’impunité. En revanche, il faut revoir la construction de prisons mastodontes qui coûtent un prix fou et où on enferme dans un même lieu des criminels très dangereux avec des personnes qui ont commis un délit qui ne présente pas un risque de récidive. Il faut aussi accompagner les sorties comme je le proposais dans le rapport que j’avais remis à Nicolas Sarkozy.

Vous allez présenter une proposition de loi relative au respect de la neutralité religieuse dans les entreprises et les associations. Pourquoi ?

J’ai été choqué par l’affaire de la crèche Baby-Loup : la Cour de cassation a annulé le licenciement d’une salariée qui portait le voile. Je veux redire l’impérieuse nécessité de respecter partout et en tout lieu le principe de Laïcité. Dans un service public comme en entreprise, le port de signes religieux ostensibles doit être proscrit.

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