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Éric Ciotti : « On est dans une situation de guerre contre le terrorisme »

Éric Ciotti vient d’être élu président de la commission d’enquête parlementaire sur les filières djihadistes. Une centaine d’auditions se dérouleront de janvier à avril pour un rapport et des propositions en mai. Le Figaro. – Les actes perpétrés à Dijon et Joué-lès-Tours l’ont été au nom d’Allah. Le djihad a-t-il gagné la France ? Éric Ciotti. – Sans préjuger des conclusions de l’enquête et des motivations des auteurs de ces actes terrifiants, la France est exposée aujourd’hui à une menace qui n’a jamais été aussi importante. Les nouveaux risques viennent de l’endoctrinement et de la manipulation, à la logique sectaire, exercés sur des esprits fragiles, donc difficilement identifiables.

Le retrait du passeport de suspects fichés pour empêcher leur départ en Syrie et les retenir en France, comme le veut la loi antiterroriste votée en novembre, n’incite-t-il pas à des actes extrémistes en France ? 
C’est une bonne mesure. Mais pour une lutte efficace, nous devons considérablement renforcer les moyens humains et matériels de nos services de renseignements, aller au-delà encore des moyens dégagés récemment par le ministère de l’Intérieur. Face à cette radicalisation et à ses nouvelles formes, nous devons avoir une attitude de responsabilité capable de transcender les clivages politiques pour opposer aux tenants de la haine le visage de l’unité nationale.
Alors que la commission d’enquête parlementaire vient d’être installée, vous avancez déjà des mesures « dissuasives ». Lesquelles ? On est dans une situation de guerre contre le terrorisme, on doit redéfinir nos modalités d’action, réévaluer l’échelle de la menace et adapter des nouveaux moyens à cette menace. Nous envisageons par exemple la déchéance de la nationalité française. La France n’y a jamais recouru, contrairement à la Grande-Bretagne qui y a eu recours une vingtaine de fois depuis deux ans.
Une solution pour les statistiques françaises, mais pas pour la lutte contre la menace terroriste…  C’est une mesure de protection, à la fois symbolique et concrète, qui permettra d’éviter les risques sur le territoire national. On pense aussi à des centres de « déradicalisation », comme au Danemark. Psychologues mais aussi religieux musulmans seraient chargés de les « désendoctriner » et les rééduquer. Surtout, il y a une urgence vitale à réengager l’organisation du culte musulman en France car sa hiérarchisation et sa structuration sont inexistantes, et il y a clairement un déficit de contrôle des imams. Or face à la radicalisation il faut que les responsables du culte musulman prennent leur part dans la lutte. C’est un enjeu essentiel, également pour eviter les amalgames entre islam et terrorisme islamiste.
La commission d’enquête pointera-t-elle les défaillances récentes de la surveillance française ?  Vous faites allusion à Kheops (système qui identifie les personnes suspectées de terrorisme lorsqu’elles franchissent les frontieres françaises, NDLR) qui, le 23 septembre dernier, avait permis a trois djihadistes venus de Syrie d’entrer en France par Marseille, depuis la Turquie sans aucun contrôle. La commission d’enquête évaluera les dispositifs de façon exhaustive et sans concession, pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, pour détecter où nous avons des points de faiblesse.
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