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Éric Ciotti : « Nous ne faisons pas la guerre avec des pistolets à bouchon »

INTERVIEW – Le député UMP des Alpes-Maritimes affirme qu’il votera cette loi mais qu’il aurait préféré une grande loi-cadre contre le terrorisme. LE FIGARO. – Que pensez-vous du projet de loi sur le renseignement que présente le gouvernement ? Éric CIOTTI. -Ce projet de loi est imparfait mais il va dans le bon sens. Ce que je lui reproche, ce n’est pas ce qu’il contient mais ses lacunes et ses absences. Le gouvernement se concentre sur le renseignement avec des mesures utiles. Mais j’aurais préféré une grande loi-cadre contre le terrorisme, prenant en compte les aspects judiciaires comme les aspects pénitentiaires. Il aurait également fallu accompagner cet ensemble complet par une véritable programmation budgétaire qui aujourd’hui reste toujours très floue. Malgré ces réserves, voterez-vous ce projet de loi ? Personnellement, je voterai ce texte comme une très large majorité de nos collègues UMP, parce que notre pays est confronté à une menace maximale en matière de terrorisme islamiste. La France, les Français et nos intérêts nationaux constituent une cible privilégiée ; peut-être la première au monde. Face à cette situation, nous devons absolument rompre avec toute forme d’angélisme ou de naïveté. Nous sommes dans une situation de guerre et nous ne faisons pas la guerre avec des pistolets à bouchon. Notre monde a évolué, la radicalisation se propage aujourd’hui sur Internet, les attentats se préparent sur les réseaux… Nous avons donc l’obligation d’adapter nos outils. Notre pays est une démocratie attachée aux libertés. Mais, n’en doutez pas, ce ne sont pas nos libertés qui sont menacées aujourd’hui mais notre sécurité. Et la sécurité est la première des libertés. Je récuserai toujours ceux qui veulent opposer l’une aux autres. Comment convaincre ceux de vos collègues, à droite notamment, qui ont des inquiétudes sur l’usage qui pourra être fait de cette loi? Leurs réserves s’appuient sur des motifs différents, mais leur point commun principal réside dans leur manque de confiance légitime dans ce gouvernement. Il faut bien reconnaître que les années Mitterrand nous ont habitués à certaines dérives. Aujourd’hui, je ne signe pas de blanc-seing au gouvernement de Manuel Valls. Mais dans ce texte, plusieurs garde-fous ont été érigés avec notamment la création d’une commission nationale de contrôle des techniques de renseignement qui sera composée de parlementaires et de magistrats. C’est, pour moi, une excellente garantie qui préserve nos libertés fondamentales. Les préventions des uns et des autres n’ont pas lieu d’être ; tout le monde doit garder en tête que la lutte contre la menace terroriste est notre objectif prioritaire. Comment concilier ce vote en faveur d’un texte du gouvernement et l’«opposition frontale» à laquelle Nicolas Sarkozy exhorte l’UMP ? Chef de l’État, Nicolas Sarkozy avait été confronté à ce type de situation. Il a naturellement été l’un des premiers à appeler à l’unité nationale après les attentats de janvier. Si un sujet doit s’extraire des positions partisanes, c’est bien la lutte contre le terrorisme. C’est pourquoi nous avons demandé, dès janvier, une grande loi contre le terrorisme et, à l’intérieur de cette loi, des dispositions cadre pour faciliter le travail de nos services de renseignements. Les socialistes ne peuvent avoir le monopole de ces valeurs. Ce serait même un comble puisqu’ils n’avaient pas eu cette attitude après les attaques de Mohamed Merah en 2012. Je rappelle que François Hollande avait alors refusé de légiférer, comme le lui proposait Nicolas Sarkozy.]]>