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Eric Ciotti : « Nicolas Sarkozy a les meilleures réponses »

NICE-MATIN – Après 2012, le bref retrait de la vie politique de Nicolas Sarkozy l’avait conduit à se ranger derrière François Fillon, dont il était devenu l’un des plus engagés partisans. Mais Eric Ciotti est aujourd’hui revenu, sans états d’âme, au bercail sarkozyste. Ministre de l’Intérieur en puissance, il a officialisé son soutien pour la primaire à l’ancien Président et s’en explique. Vous estimez que Sarkozy est le meilleur. Pour quelles raisons ? Nous avons assisté depuis 2012 à une faillite économique et sociale et à un déficit d’autorité inédits à la tête de l’Etat. Les menaces qui pèsent sur nous à l’intérieur et à l’extérieur sont très fortes : le terrorisme, la montée du communautarisme, la crise migratoire. Face à cette situation, il faudra beaucoup de courage, d’énergie et d’autorité pour éviter que la France ne sombre définitivement. Il faudra répondre à la crainte du déclassement social et au déclassement identitaire. Les Français s’interrogent pour savoir si la France restera toujours la France. Nicolas Sarkozy est, pour moi, le seul qui rassemble ces qualités de courage, d’autorité et d’énergie pour diriger le pays. C’est aussi celui qui fait le meilleur diagnostic de la situation et apporte surtout les meilleures réponses, notamment sur les questions régaliennes auxquelles je suis très attaché. Vous-même avez été critique sur son quinquennat. Les Français l’ont désavoué en 2012. Pourquoi réussirait-il mieux demain ? Nicolas Sarkozy a lui-même exprimé une analyse lucide du quinquennat dans son livre. Aujourd’hui, il s’est engagé sur un chemin de vérité avec les Français. Il tirera les enseignements de ce qui n’a pas marché pour aller plus loin. Cela peut être un atout pour l’avenir. Le bilan a des forces et des faiblesses mais je m’en sens totalement comptable, même si, c’est vrai sur certains points, nous ne sommes pas allés suffisamment loin. N’oublions pas que Nicolas Sarkozy a eu à faire face à la pire crise économique depuis 1929. En 2009, les Français se demandaient s’ils pourraient récupérer leurs économies dans les banques. La France a été sauvée de la faillite. Nicolas Sarkozy a évité la catastrophe économique à nos concitoyens car sa voix était audible sur la scène européenne et internationale. Comme il y avait cette priorité de guerre économique, nous avons dû opérer des choix budgétaires difficiles et parfois douloureux. Vous vous étiez franchement engagé derrière François Fillon. Qu’est-ce qui a motivé votre retour vers Nicolas Sarkozy ? J’ai une fidélité à Nicolas Sarkozy qui est très ancienne. J’ai cheminé à ses côtés avec Christian Estrosi depuis 1988. J’ai soutenu François Fillon dans son combat pour la présidence de l’UMP en 2012, mais dans la mesure où Nicolas Sarkozy a fait le choix de revenir en politique, il était inconcevable que je ne sois pas à ses côtés. Tout en conservant beaucoup d’amitié et de respect pour François Fillon, je considère en conscience que Nicolas Sarkozy est celui qui apporte les meilleures réponses pour notre pays. Je suis par ailleurs en désaccord avec François Fillon, comme avec Alain Juppé, sur trois sujets importants notamment : la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux, l’interdiction du port du voile à l’université, ou la mise en place de centres de rétention pour les terroristes, auxquelles ils sont opposés, contrairement à moi. Sur la laïcité et le terrorisme, je partage le combat de Nicolas Sarkozy contre le communautarisme qui gangrène notre société. Vos idées sont proches de celles de Nicolas Sarkozy. En revanche, François Baroin, qu’on donne pour son futur Premier ministre, apparaît beaucoup plus centriste… Il n’y a pas de si grandes différences entre François Baroin et moi. Il est très sensible, lui aussi, aux questions d’autorité et c’est quelqu’un qui est également très engagé dans la défense de la laïcité. N’oublions pas qu’il était à l’origine de la loi contre le port du voile à l’école. le suis convaincu qu’il apportera beaucoup à Nicolas Sarkozy et qu’ils formeront un tandem gagnant. François Baroin est quelqu’un d’efficace, il l’a démontré en tant que président de l’Association des maires de France, dans son combat contre la baisse drastique des dotations de l’État aux collectivités locales. Ça va un peu mieux pour les retraites. Marisol Touraine a même estimé qu’il n’était plus nécessaire de repousser l’âge légal de départ, contrairement aux candidats des Républicains… Les régimes de retraite accusent toujours un important déficit. Madame Touraine a une vision très socialiste de la situation. D’ailleurs, si les choses vont un peu mieux, c’est justement parce que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont mené une réforme des retraites en 2010, après Edouard Balladur quelques années auparavant. Nous ne pourrons faire l’économie de nouveaux efforts si nous voulons pérenniser notre système de retraite, en portant par exemple l’âge légal de départ à 64 ans à partir de 2025, comme le propose Nicolas Sarkozy. Patrick Devedjian a déclaré qu’il s’exilerait si vous deveniez ministre de l’Intérieur, dénonçant une surenchère sécuritaire… Je connais bien Patrick Devedjian et je lui ai rappelé qu’il était encore plus à droite que moi lorsqu’il était jeune. Moi, je ne varie pas. Je considère que nous devons assumer avec fierté nos valeurs de droite, sur une ligne claire que je revendique pleinement. Si, revenant au pouvoir, nous ne menions pas la politique de droite que les Français attendent aujourd’hui, nous ferions alors le lit de Marine Le Pen et du Front national. Je ne veux pas que François Bayrou devienne subrepticement Premier ministre. Les Français rejettent ce consensus mou et à l’eau tiède et qui ne résout aucun des problèmes. Le climat se tend entre les candidats à la primaire. Elle s’annonce d’une brutalité extrême… Je ne le crois pas. Nous sommes engagés dans un beau débat démocratique, que Nicolas Sarkozy a eu le grand mérite de restaurer dans notre mouvement. Cela peut parfois être vif, mais plus il y a de contributions sincères au débat d’idées, plus la vitalité du parti est forte. Le 27 novembre au soir, nous aurons le devoir de nous rassembler sans ambiguïté autour du vainqueur de la primaire, toute autre attitude serait suicidaire. Nous avons une grande chance d’avoir dans cette primaire l’engagement de personnalités de la qualité de Nicolas Sarkozy, de François Fillon et d’Alain Juppé. On mesure l’importance capitale d’avoir à choisir parmi des hommes d’expérience et de compétence, là où les socialistes avaient dû arbitrer entre l’incompétence et l’inexpérience. Cela a abouti à la catastrophe Hollande. La mauvaise nouvelle pour vous c’est la montée en puissance d’Emmanuel Macron, non ? Je ne crois pas à Emmanuel Macron. C’est une bulle médiatique montée de toutes pièces, qui va très vite éclater. C’est quelqu’un qui ne s’est jamais présenté à la moindre élection et qui tire aujourd’hui sur un gouvernement dont il est la principale incarnation. Quel est son bilan, en dehors de la libéralisation des lignes d’autocars? C’est un peu court et les Français ne seront pas dupes. Emmanuel Macron est une marionnette dont les fils sont tirés par François Hollande. Même si elle lui échappe un peu à présent…   PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON POUR NICE-MATIN]]>