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Eric Ciotti : "Manuel Valls, c'est l'homme de la parole"

NICE-MATIN – Le nouveau gouvernement ? Le député UMP des Alpes-Maritimes le trouve décevant. Le Premier ministre ? Il l’invite à agir vite. La victoire de son parti aux municipales ? Eric Ciotti espère que c’est seulement le début. Le premier Conseil des ministres du gouvernement Valls s’est tenu hier. Que pensez-vous de cette équipe de combat ? Autant la nomination de Manuel Valls apparaît habile, autant la composition de ce nouveau gouvernement est d’ores et déjà très décevante. Il n’y a pas d’originalité, pas de modernité, c’est un casting basé sur l’équilibre des courants du Parti socialiste. Ce n’est pas un gouvernement resserré mais un gouvernement refermé sur des proches du président de la République, assez bien résumé d’ailleurs par la formule choquante de Valls « Nous sommes tous des Hollandais… » Il n’a pas tout à fait tort… J’aurais préféré qu’il dise « Nous sommes tous des Français ». J’aurais préféré qu’il choisisse des hommes et femmes qui avaient exprimé leurs compétences plutôt que leurs incohérences. Je ne comprends pas le maintien de Christiane Taubira dans cette équipe. Dois-je rappeler qu’elle a publiquement menti dans l’affaire des écoutes ? Dois-je rappeler qu’elle a essayé d’évincer le procureur Faletti pour des raisons politiques ? Sa réforme pénale devrait être reportée. Ce n’est pas pour vous déplaire. Nous devions attaquer l’examen de cette réforme mercredi. Ce texte n’est plus à l’ordre du jour pour les trois prochaines commissions des lois, dans laquelle je siège. Cependant, j’interprète la présence de Christiane Taubira auprès de Manuel Valls comme le maintien de son projet de loi, qui reste extrêmement dangereux pour la sécurité de nos concitoyens. Un point sur Manuel Valls. Vous estimez que sa nomination est habile. A quel titre ? J’entretiens des relations cordiales et républicaines avec lui, j’ai même du respect pour l’homme mais, franchement, on a pu mesurer ses échecs pendant ces deux dernières années place Beauvau. Il a beaucoup parlé et il a utilisé de nombreux slogans. J’ai pu parfois l’approuver, notamment au moment de l’affaire Leonarda, mais il a un bilan particulièrement calamiteux. Valls, c’est l’homme de la parole. Les Français veulent des actes. Saura-t-il passer des paroles aux actes, c’est le défi qu’il devra relever. Qu’attendez-vous de son discours de politique générale mardi ? J’attends qu’il annonce un changement radical de politique, en particulier au plan économique et social, mais aussi au niveau de la sécurité et de la politique migratoire. Il doit s’engager à baisser rigoureusement les dépenses publiques. La France doit cesser de creuser la dette et les déficits, et d’augmenter la fiscalité, comme les socialistes ont pu le faire depuis 2012. J’attends donc une orientation fondamentalement différente. Vous avez peu de chance d’être entendu… En effet, car le problème aujourd’hui, c’est Hollande. Après le message des Français dimanche dernier, le président de la République montre qu’il n’a rien compris. Il n’est pas à la hauteur de la fonction. Depuis deux ans, il s’est trompé sur tout, il a ridiculisé notre pays et décrédibilisé la parole publique. La déroute des socialistes, c’est avant tout son échec personnel. Quel que soit le gouvernement, on va être confrontés à l’indécision de François Hollande, à son incapacité à choisir un cap économique clair et à arbitrer entre les différents courants du PS. Sur quoi repose la victoire de l’UMP aux municipales : le rejet de la politique actuelle ou le programme de la droite défendu ces dernières semaines ? Il y a un peu de tout cela. D’abord, il y a la colère des Français exprimée vis-à-vis de ce pouvoir qui abîme la France. Il y avait ensuite la qualité de nos sortants, et surtout de nos candidats. Des choix pertinents faits depuis un an par la commission d’investiture, à laquelle je participe, ont préparé cette victoire de l’UMP. Mais beaucoup reste à faire. Il faut préparer un projet d’alternance cohérent pour 2017. On a bénéficié du rejet du pouvoir, il faut désormais savoir capter l’adhésion des Français. Dans les Alpes-Maritimes, vous avez été l’un des rares, voire le seul, à soutenir l’investiture de David Lisnard à Cannes. Son élection, c’est aussi la vôtre ? Le non-choix qui avait été fait par Jean-François Copé était une erreur fondamentale. Les électeurs cannois l’ont démontré en offrant une éclatante victoire à David Lisnard. Je m’en réjouis pour Cannes mais aussi pour les Alpes-Maritimes. C’est pour moi une grande satisfaction qui conforte ma majorité départementale. Vous vous êtes investi dans la campagne auprès de plusieurs candidats (Viaud à Grasse, Trojani à Villefranche…) sortis victorieux de ce scrutin. C’est vous le nouvel homme fort des Alpes-Maritimes ? C’est d’abord la victoire de ces candidats. Ça démontre leurs qualités et notre capacité à faire éclore une nouvelle génération en politique pour préparer l’avenir. Il était important d’impulser du sang neuf. Mais c’est surtout la victoire d’une équipe. Moi, je crois en la force du collectif. Il y a tout de même une nouvelle ligne après ces municipales… Je ne le crois pas. La ligne, incarnée par la majorité départementale et par l’UMP présidée par Christian Estrosi est renforcée voilà tout. Tous ceux qui s’y sont opposés sont aujourd’hui marginalisés. C’est le cas de la secrétaire générale de l’UMP Michèle Tabarot ? C’est un constat évident. Les cantonales ont lieu dans un an. Quel message porterez-vous ? La bataille est lancée. Je vais la conduire avec tous mes amis parlementaires et maires, dans les vingt-sept cantons des Alpes-Maritimes où nous présenterons partout ces binômes hommes-femmes. On soutiendra des candidats solidement ancrés dans leurs cantons. On défendra un projet départemental et l’affirmation de la force du bilan de la majorité que je conduis à la tête du conseil général.]]>