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Éric Ciotti : « Le gouvernement a péché par naïveté »

LE FIGARO. – Les attaques se suivent. L’État est-il impuissant ? Éric CIOTTI. – La France est en guerre mais nous n’utilisons pas les armes de la guerre. Nous devons changer de cadre, de philosophie, de politique, de dimension dans le combat contre le terrorisme. La menace sera durable. La France est désormais l’une des cibles les plus exposées au monde. Or nous consacrons pour les missions réunies de défense nationale, de justice et de sécurité seulement autour de 3 % de nos dépenses publiques. Ce n’est pas à la hauteur des enjeux. Il faut dégager plus de moyens. Je le réclamais dans ma commission d’enquête sur les djihadistes l’an dernier. Mais le gouvernement a tellement tardé à s’emparer de ces travaux. Que nous manque-t-il ? Il faut s’armer différemment, en nous inspirant de certains pays qui vivent avec le terrorisme, en particulier Israël. J’ai formulé des propositions avec mon collègue Guillaume Larrivé notamment pour instaurer, par exemple, une rétention administrative dans des centres fermés pour les individus qui présentent une menace ou un dispositif de rétention de sûreté pour ceux qui sortent de prison mais dont on connaît malgré tout la dangerosité. Mais le gouvernement n’en fait rien… Le gouvernement a toujours réagi à contretemps, quand l’événement s’est produit. Il communique intensément, dans le contexte émotionnel, mais après, il annonce des mesures qui finissent systématiquement dans la banalisation. C’est-à-dire ? L’état d’urgence a été dégradé. Sur la fin, il n’y avait quasiment plus d’assignations à résidence, les perquisitions administratives avaient été supprimées, lorsque l’on a prolongé pour la troisième fois l’état d’urgence, et il n’y avait plus d’interdiction de manifester. Est-ce une forme de renoncement ? Le gouvernement a péché par naïveté, en tout cas. Certains n’ont pas compris l’ampleur des problèmes et la gravité du phénomène. Et ces moyens juridiques nouveaux que vous réclamez ? Ils passent par une réforme de la Constitution pour créer ces rétentions administratives, pour faire en sorte que nous ayons, en matière de lutte antiterroriste, un véritable principe de précaution. D’autres axes de réformes ? Je vois déjà une action à long terme: combattre la communautarisation de notre société et défendre avec force notre laïcité. Au-delà, il faut qu’à tous les niveaux, l’on s’attaque plus fermement à la délinquance. La réponse pénale doit tomber dès le plus petit fait. Aujourd’hui, cette chaîne est rompue et l’on voit la porosité qui existe entre ces actes terroristes et la petite et moyenne délinquance. La France doit faire de la lutte contre l’insécurité et le terrorisme une priorité nationale, ce qui n’est pas le cas actuellement malgré les discours. François Hollande annonce la prorogation de l’état d’urgence. Mais c’est sous l’état d’urgence que le drame de Nice s’est produit… L’état d’urgence mis en place est une hypocrisie. Il y a eu, je le répète, beaucoup de communication et très peu d’action. Je réclame donc un état d’urgence véritable et permanent, qui sera levé le jour où la menace aura disparu. Arrêtons d’enquiller les mesurettes sans stratégie durable! Et restaurons un vrai contrôle aux frontières! Quand on songe que 1,8 million de migrants sont entrés en Europe sans relevé d’empreintes digitales et parfois même sans livrer leurs identités!]]>