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Eric Ciotti : « La France doit rester la France »

INTERVIEW – Soutien de Nicolas Sarkozy, le député les Républicains des Alpes-Maritimes vient de rentrer d’un déplacement en Israël. Accompagné de son collègue de l’Yonne Guillaume Larrivé, il a étudié les mesures en vigueur contre les terroristes et les attentats.   LE FIGARO.Quels dispositifs mis en place en Israël souhaiteriez-vous voir appliqués en France? Eric Ciotti. – Israël est un pays qui vit avec le terrorisme depuis sa création et a réussi à limiter la menace. On pourrait utilement s’en inspirer. Je pense à l’unification des services du renseignement intérieur ; à la mobilisation massive des moyens humains et technologiques. Israël connaît une mobilisation citoyenne exemplaire contre le terrorisme et une adhésion forte aux valeurs nationales. Je souhaite qu’en France on rétablisse le service national. Troisième élément: des outils juridiques moins naïfs, notamment, la rétention administrative de ceux qui présentent une menace.   Que répondez-vous au ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, qui estime que cela va à l’encontre de la Constitution et de la présomption d’innocence? Ne nous abritons pas derrière ce type d’arguments. La loi, c’est le législateur qui la fait. La Constitution, c’est le constituant qui l’écrit. Et en dernier recours, le peuple est constituant. Nous avons au cours des siècles fait évoluer notre droit et nous l’avons adapté à la menace. On fait parler le Conseil constitutionnel sans l’avoir saisi et en considérant que rien ne doit changer. Je ne partage pas cette culture de l’impuissance et du fatalisme.   Nicolas Sarkozy considère que l’État de droit, la législation, la Constitution peuvent évoluer. Dans quelles limites? Nous devons trouver le meilleur équilibre entre liberté et nécessités de protection. Garantir les libertés individuelles ne doit jamais conduire à protéger les terroristes. Aujourd’hui, nous sommes en situation de déséquilibre, assurer d’abord les droits des terroristes fragilise notre nation tout entière!   Pourquoi remettre en cause le droit du sol dans le processus d’acquisition de la nationalité? La France est le pays occidental le plus frappé par le terrorisme parce qu’en plus de la menace extérieure, nous sommes confrontés à une menace intérieure. Elle s’incarne dans des jeunes qui ont très souvent le même profil: des musulmans radicalisés issus de l’immigration, délinquants de droit commun, habitant pour la plupart dans les banlieues et nourrissant une haine de la France. C’est la conséquence de l’échec total de notre modèle d’intégration et d’acquisition de la nationalité. Nous devons arrêter de brader la nationalité française. C’est pourquoi je plaide en faveur d’une restriction du droit du sol aux seuls enfants de ressortissants européens. Nicolas Sarkozy a eu le courage d’ouvrir ce débat essentiel.   Refuser la nationalité française à un jeune qui devient majeur ou mettre en œuvre la déchéance de nationalité empêcherait-il le passage à l’acte? L’efficacité de telles mesures ne s’inscrit pas dans le court terme. Mais si on veut éviter dans les années à venir de tragiques déboires, il faut refonder un modèle national et inculquer aux jeunes l’amour de la France. Je considère donc qu’il faut revoir fondamentalement notre politique d’immigration puisque nous n’avons plus la capacité d’intégrer des centaines de milliers de personnes étrangères à notre culture. En 2015, 220.000 personnes sont entrées légalement en France et 90.000 titres de séjours ont été distribués par le biais de l’immigration familiale. Et je ne parle pas de l’immigration illégale! Il faut absolument restreindre cette vague migratoire. Je propose de suspendre le regroupement familial dans ce contexte de menace terroriste.   Ces questions seront-elles centrales durant la primaire? Oui. Les Français choisiront celui qui les protégera le mieux. Pour cela, nous avons besoin d’un chef de guerre qui a le courage de bouleverser toutes nos habitudes et de briser les conservatismes et le politiquement correct. Demain, il faudra réarmer notre pays au plan militaire, sécuritaire mais aussi moral. Nicolas Sarkozy est le seul qui dispose des qualités indispensables pour restaurer l’autorité républicaine et veiller à ce que la France reste la France. Certains, comme Manuel Valls, considèrent naïvement que la réponse au terrorisme passe par plus de religion. Je considère pour ma part qu’il faut plus de République et plus de laïcité. Nicolas Sarkozy porte cette exigence. Comme lui, je défends la neutralité des comportements religieux en entreprise mais aussi pour les usagers du service public. Le voile notamment ne doit plus avoir sa place à l’université ou à l’hôpital.   Considérez-vous qu’Alain Juppé fait preuve de naïveté sur ces questions? Sûrement pas, mais j’ai une divergence avec lui dans l’analyse. Il considère que notre modèle de société peut être conservé au prix de quelques amendements. Je considère pour ma part qu’il est nécessaire de changer de cap et de cadre. Il faut ainsi mettre un coup d’arrêt aux conquêtes de l’islamisme politique sur notre territoire. Il faut donc renoncer à tous les accommodements, petits ou grands, qui ont remis en cause notre modèle républicain. Je ne partage pas l’approche d’une identité heureuse qui en filigrane accréditerait l’idée d’une France multiculturelle. Ce n’est pas le propos d’Alain Juppé, mais derrière cette approche, ce danger guette. Face à cette menace, la main ne peut trembler.   Vous avez été un soutien de François Fillon après 2012. Pourquoi avoir changé de champion? J’ai du respect et de l’amitié pour François Fillon. Il a été un premier ministre efficace. Mais en conscience, face à la gravité de la situation du pays, pour moi c’est Nicolas Sarkozy qui dispose de la meilleure vision et de la force nécessaire pour redresser la France.   Propos recueillis par Jean-Baptiste Garat  ]]>