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Eric Ciotti : "Il faut restreindre l'accès aux prestations sociales pour les immigrés"

VALEURS ACTUELLES – L’ENTRETIEN – Le député des Alpes-Maritimes également président du conseil départemental, détaille les propositions de la droite pour endiguer l’immigration clandestine. La politique des bons sentiments (accueillir les migrants au nom des droits de l’homme et parce qu’ils sont miséreux) vous semble-t-elle viable ? Les bons sentiments ne font que dissimuler une réalité tragique et ne servent pas les intérêts de ces migrants. Pis, ce sont ces mêmes bons sentiments qui encouragent les filières de passeurs qui font le malheur des migrants. Ne confondons pas l’asile – un moyen pour notre pays d’être fidèle à sa tradition de pays des droits de l’homme – avec des filières d’immigration clandestine massive. La réalité, c’est que nous n’avons pas la capacité d’accueillir les immigrés économiques car nous n’avons pas les moyens de leur offrir un logement et un travail. Qu’est-ce que la France doit faire des migrants qui sont déjà sur son sol? Comment expliquez-vous qu’il y ait si peu de reconduites à la frontière ? Depuis que ce gouvernement est en place, il n’y a pas de politique de contrôle des flux migratoires ni de volonté de reconduire les étrangers en situation illégale dans leur pays d’origine. La réalité, c’est qu’il n’y a quasiment pas de reconduites à la frontière. Dès 2012, l’actuelle majorité a procédé à des régularisations massives par circulaire de dizaines de milliers d’étrangers clandestins dans les préfectures, créant des appels d’air sans précédent dont nous voyons aujourd’hui les conséquences à Calais, à Paris et à Vintimille. Je suis persuadé que le problème ne pourra être réglé que si nous faisons preuve d’une grande fermeté, en disant à ceux qui veulent venir en Europe pour des raisons économiques qu’ils seront systématiquement reconduits dans leur pays. Que proposez-vous pour réduire la pression migratoire qui s’exerce à nos frontières ? Faut-il instaurer des quotas d’immigration ? réduire les prestations sociales versées aux étrangers ? Je crois en effet qu’il faut réduire l’attractivité sociale de notre pays qui est l’un des plus généreux en Europe et au monde. Nous devons notamment mettre un terme à la dérive insupportable de l’aide médicale de l’État (AME), dont le coût avoisine le milliard d’ euros. Parce que la France n’a pas les moyens d’accueillir tous ceux qui le voudraient, je suis favorable à la proposition de François Fillon consistant à instaurer des quotas d’immigrés fixés tous les ans par le Parlement en fonction des besoins spécifiques des entreprises, de la possibilité de logement et du contexte social. Il faut également restreindre l’accès aux prestations sociales, notamment les allocations familiales et les aides au logement, pour les immigrés en imposant un moratoire d’au moins deux ans après leur arrivée régulière sur le territoire, à l’instar de ce que propose David Cameron au Royaume-Uni. Faut-il réviser le droit de la nationalité et, notamment, la possibilité d’acquérir la nationalité française par mariage ? Je refuse que l’on brade la nationalité française comme cela a été fait par la gauche, car nul ne doit devenir français par hasard ou par opportunisme. J’ai ainsi proposé que l’acquisition de la nationalité française par le droit du sol ne soit réservée qu’aux enfants nés en France de ressortissants européens. Les enfants nés en France de parents extracommunautaires pourront toujours devenir français par la voie de la naturalisation s’ils en démontrent la volonté. Quant à l’acquisition de la nationalité par mariage, il faut savoir qu’elle représente la moitié des acquisitions de la nationalité française. Devant l’augmentation constante des mariages célébrés en France entre Français et ressortissants étrangers ainsi que la forte progression des fraudes, nous avons déposé avec Philippe Goujon et 57 autres députés une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre les mariages frauduleux. Je remercie Nicolas Sarkozy, qui a souhaité avec beaucoup de courage que notre famille politique ouvre le débat sans tabou sur ces questions essentielles. La politique du droit d’asile n’est-elle pas détournée par des personnes qui viennent s’installer en France pour bénéficier surtout de prestations sociales ? L’asile est un principe fondamental de notre République, et j’y suis attaché. La Révolution française a inscrit dans ses Constitutions l’accueil des opprimés. Mais aujourd’hui le droit d’asile est dévoyé. Avec seulement 1 % des déboutés qui sont éloignés du territoire, il est devenu la voie légale d’une immigration illégale. On estime à 40 000 le nombre de déboutés du droit d’asile présents sur le territoire français, en toute illégalité. En tant que rapporteur du budget asile et orateur du groupe Les Républicains sur le projet de réforme du droit d’asile, j’ai formulé plusieurs propositions pour mettre fin aux dérives d’un système à bout de souffle. Ainsi, il est nécessaire que la décision définitive de rejet prononcée par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) ou la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) vaille obligation de quitter le territoire français. L’objectif est de simplifier les procédures et d’accélérer les délais de traitement. De même, il faut mettre fin à la possibilité pour un étranger débouté de sa demande d’asile de solliciter un titre de séjour pour un autre motif, car cela fait l’objet d’abus, dans le seul objectif de se maintenir indûment sur le territoire. Y a-t-il moyen de fixer chez eux les candidats à l’exil ? Il faut traiter le problème le plus en amont possible. C’est pourquoi je propose que les demandes d’asile soient traitées de façon prioritaire avant l’arrivée des demandeurs en Europe ou dès leur arrivée dans des centres d’accueil gérés par l’Union européenne. La solution à long terme passera nécessairement par le développement des pays d’émigration. Quel rôle l’Europe peut-elle jouer dans la maîtrise des flux migratoires ? Les décisions collectives ne sont souvent que des compromis. Peut-on compter sur l’Union ? Faut-il sortir de Schengen et rétablir les contrôles aux frontières ? Je dénonce la passivité de l’Europe en matière d’immigration. Aujourd’hui, force est de constater qu’elle n’assume pas ses responsabilités. En ce qui concerne le plan Juncker, j’ai approuvé la partie qui propose la destruction des bateaux des passeurs sur les côtes libyennes ; hélas, elle n’a toujours pas vu le jour. Pour le reste, je suis totalement opposé à l’instauration de quotas d’immigrés par pays décidés par l’Union européenne car ils ne feraient qu’accroître le nombre de candidats à l’immigration et encourageraient les filières. Quant aux accords de Schengen, pour moi la liberté de circulation constitue un acquis qui ne peut être remis en cause. Pour autant, ne soyons pas naïfs. Il faut pouvoir restaurer les frontières lorsqu’il y a une crise comme celle que connaît actuellement la frontière entre l’Italie et le département des Alpes-Maritimes. C’est la raison pour laquelle j’appelle à un « Schengen 2 » avec une plus grande efficacité des contrôles aux frontières extérieures. Beaucoup de promesses ont été faites par le passé, sans que le problème soit réglé. Comment s’assurer qu’elles seront tenues ? Nous devons avoir un projet clair, ambitieux et courageux. La gravité de la situation l’exige et nous ne pourrons pas nous contenter de demi-mesures. C’est pourquoi je propose que ce projet soit validé par référendum au moment où se déroulera le premier tour des élections législatives de 2017. C’est le seul moyen de retrouver une crédibilité en offrant à nos électeurs la certitude que notre projet sera effectivement appliqué. Propos recueillis par Fabrice Madouas Acheter « Autorité », le livre d’Eric Ciotti]]>