Mon actualité

Eric Ciotti : « Il faut laver la justice de toute suspicion »

INTERVIEW- Éric Ciotti est député UMP des Alpes-Maritimes et l’auteur d’une proposition de loi déposée le 5 mai dernier à l’Assemblée et visant à interdire aux magistrats en exercice toute appartenance syndicale ou à un parti. LE FIGARO. – Votre initiative est-elle dictée par l’affaire Sarkozy ? Éric CIOTTI. – Ce n’est pas une proposition de circonstance. Elle date de plus de deux mois. Et elle a des chances d’être débattue, car Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée, envisage de l’inscrire à l’une des séances réservées à notre formation au sein du Parlement. Est-ce pour en finir avec le «mur des cons» du Syndicat de la magistrature ? Il ne faut pas critiquer la justice, mais pour cela il faut qu’elle ne soit pas critiquable. Cette affaire, où des juges clouent au pilori des hommes politiques, d’autres magistrats et même des parents de victimes de meurtres odieux, est loin d’être anodine. Elle a causé, par les excès de quelques-uns, un tort considérable à tout le corps judiciaire. Il faut réparer les dégâts et laver la justice de toute suspicion. Je vous rappelle que, selon un récent sondage Ifop, 75 % des Français estiment que la justice fonctionne mal, 57 % considérant que les juges d’instruction ne sont pas indépendants du pouvoir politique. Mais interdire le droit syndical, n’est-ce pas attenter à une grande liberté ? C’est effectivement un principe constitutionnel. Mais il obéit à une jurisprudence qui introduit des exceptions. Les magistrats ont déjà interdiction de faire grève. La Convention européenne des droits de l’homme elle-même autorise des «restrictions légitimes». L’Espagne, la Grande-Bretagne, elles, ne transigent pas avec la neutralité. Que préconisez-vous exactement ? Toute délibération politique serait interdite aux magistrats, toute manifestation d’hostilité au principe ou à la forme du gouvernement de la République le serait également, de même que toute démonstration ou adhésion à une organisation politique ou syndicale incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions. Cependant, les magistrats pourraient être représentés au travers d’associations apolitiques, comme cela existe avec la Conférence des procureurs ou d’autres organisations professionnelles.]]>