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Face à la rédaction de Nice Matin

Eric Ciotti : « L’UMP va retrouver son unité »

Jean-François Copé et François Fillon sont tombés d’accord pour un nouveau vote en septembre 2013. Mardi, les parlementaires doivent s’exprimer. C’est la semaine de la dernière chance ?

Je suis convaincu désormais que I’UMP va retrouver son unité. La raison est en train de triompher. Depuis le début de cette crise, François Fillon réclamait un nouveau vote, car pour lui c’était le seul moyen d’effacer les conditions épouvantables de l’élection du18 novembre et de redonner une légitimité à la direction de l’UMP.

Jean-François Copé a enfin entendu ce message, c’est une bonne chose. Je m’en réjouis très sincèrement pour les militants, qui étaient légitimement inquiets, que l’on ait enfin retrouvé le chemin de l’apaisement et de la reconstruction.

Concrètement, qu’est-ce que ça change?

Dès mardi ou mercredi, un bureau politique de l’UMP va définir les modalités concrètes de cet accord. Direction collégiale de I’UMP, réforme des statuts, conditions et calendrier du nouveau vote. Tous ces principes devant être validés lors d’un Conseil national tout début janvier.

Qui sera votre candidat si François Fillon n’y va pas ?

Il faut d’abord repartir au début du processus électoral en facilitant l’accès à l’élection avec la diminution du nombre de parrainages. S’il n’est pas candidat lui-même, il y a d’autres personnalités qui pourront bénéficier du soutien de François Fillon et donc du mien. Mais la question ne se pose pas aujourd’hui.

Nicolas Sarkozy pourrait-il se présenter ?

Depuis le début de cette crise, j’ai beaucoup échangé avec Nicolas Sarkozy. Je l’ai encore vu longuement mercredi soir. Son souhait est par dessus tout de contribuer à l’unité d’une famille politique à laquelle il a beaucoup apportée. Sa contribution est importante pour obtenir cette indispensable unité. Pour le reste, il a exprimé sa volonté de recul le 6 mai au soir et je ne pense pas qu’il souhaite changer de point de vue.

Vous vous attendez à affronter à nouveau Jean-François Copé?

Si François Fillon n’est pas dans le jeu, j’ai du mal à penser qu’il s’y engage comme si rien ne s’était passé. Le regard porté par nos militants et nos électeurs sur sa responsabilité dans cette crise est très sévère.

Quel doit être le positionnement idéologique de I’UMP ?

L’UMP doit conserver sa capacité de synthèse. L’UMP c’est à la fois une ligne forte et le rassemblement. Ce qu’ont réussi Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Si elle ne regarde que d’un côté, des gens la quitteront. Parce qu’elle sera divisée, elle risque d’être derrière le FN et peut-être derrière l’UDI. C’est l’UMP Copé dont nous ne voulons pas.

Cette crise, c’est une blessure personnelle ?

Jusqu’à l’élection, cela a été une période exceptionnelle au contact des militants et au côté de François Fillon. Un homme d’État et un grand homme politique. Je suis convaincu qu’il jouera un rôle essentiel dans les mois et les années à venir. Plus que jamais, je lui resterai fidèle.

Jean-François Copé a-t-il tenté de vous récupérer au lendemain du 18 novembre ?

Oui, j’ai eu des messages, des appels. Il l’a fait aussi avec d’autres. Mais ce ne sont pas des méthodes qui font honneur à ceux qui les tentent et à ceux qui pourraient y être sensibles, ce qui n’a jamais été mon cas.

Les soutiens de Copé doivent-ils avoir une part plus importante au sein de l’UMP06 et aux élections?

Des élections auront lieu en 2013 à l’UMP 06. C’est aux militants de décider et à eux seuls. Concernant les élus, il y a des procédures d’investiture. La majorité départementale est totalement unie autour de moi au conseil général et autour de Christian Estrosi à la Fédération. Nous avons 9 députés dont 8 UMP qui ont recueilli une large confiance. Je récuse une logique de quotas en fonction de courants.

Certains critiquent une mainmise niçoise à I’UMP 06. Ne faut-il pas un autre fonctionnement?

Je ne vois pas pourquoi. Notre département a donné le meilleur résultat à Nicolas Sarkozy. L’immense majorité des élus a soutenu François Fillon. Ceux qui ont soutenu Jean-François Copé sont, pour la plupart, mes amis. Je pense à Lionnel Luca qui m’a redit son total engagement à mes côtés au conseil général.

Choqué qu’il se soit rattaché financièrement à Debout la République ?

Cela veut dire que lui aussi ne partage peut-être pas ce qui se passe à la tête de l’UMP.

On a lu que vos relations n’étaient pas bonnes avec Christian Estrosi. Est-ce le cas?

C’est totalement faux. Mes relations sont excellentes avec Christian Estrosi.

Malgré les débats ?

Cela fait 25 ans que l’on échange sur tout et même à l’époque il y a des points sur lesquels on avait des approches divergentes. Mais on a toujours trouvé le point d’accord.

Cette crise vous a rapproché?

Nous sommes totalement solidaires dans cette période comme dans les autres. Nous serons ensemble ce lundi au comité départemental de I’UMP pour réaffirmer l’unité de notre famille politique. Et je serai de toutes mes forces à ses côtés lors des municipales de Nice où l’on voit déjà certains prédateurs essayer de profiter de la crise à I’UMP dans des alliances contre-nature allant du FN au PS.

Les questions des internautes

André (Grasse)

N’est-il pas compliqué pour vous d’être à la fois dans l’opposition au gouvernement et dans l’opposition au président de I’UMP ?

Ce n’est pas de même nature. Et je suis convaincu que les deux situations seront très transitoires…

Christiane (Contes)

Alors que votre posture droitière vous rangeait naturellement auprès de Jean-François Copé, vous avez décidé de soutenir François Fillon. La prochaine fois, suivrez-vous vos convictions plus que vos ambitions?

J’ai suivi surtout mes convictions. Et les dernières semaines du combat de Jean-François Copé ne traduisent pas la sincérité de ses convictions, ni sur le sarkozysme, ni sur cette idée de droite décomplexée. Il prônait à peu près l’inverse il y a quelques années ! En revanche, je n’ai jamais vu François Fillon vaciller sur la nécessité d’avoir un État républicain fort qui assume pleinement ses compétences régaliennes, et d’autres personnalités qui ont le même attachement comme Claude Guéant l’ont rejoint. Si j’ai choisi François Fillon, c’est pour avoir demain quelqu’un qui assume une politique.

Intercommunalité : « on a vraiment privilégié l’intérêt général »

Les Alpes-Maritimes comptent aujourd’hui sept périmètres intercommunaux. Est-ce conforme à vos attentes?

Absolument. Ce schéma marque un vrai progrès avec la création extrêmement importante de la Communauté d’agglomération des Pays de Lérins, rendue possible grâce à l’intelligence et à la bonne volonté des maires de Cannes et Mandelieu, Bernard Brochand et Henri Leroy. J’ai personnellement œuvré à cette solution et à ce rapprochement. Depuis10 ans, à cause de divisions et d’ambitions personnelles, cette intercommunalité n’avait pas vu le jour. On privilégie aujourd’hui l’intérêt général et je m’en réjouis. Il est tout aussi naturel de voir éclore une intercommunalité du Pays de Grasse que tous les maires souhaitaient. Enfin sur la Roya, je pense qu’il était logique que ce territoire isolé, enclavé, soit rattaché au littoral.

Les élus de droite ont fait preuve de discipline, lundi dernier à la Commission départementale de coopération intercommunale…

Je me félicite en effet que ces choix aient été validés par 37 voix de la majorité départementale. Seule une voix de cette majorité, celle de Mme Tabarot, s’est alliée à la gauche. Je le regrette.

Vous confirmez donc que ce vote était très politique ?

La gauche a voulu faire de cette commission une séance politique et nous lui avons apporté une réponse politique. Les rapports de force sont clairement établis aujourd’hui.

Sous-entendez-vous que les préconisations du préfet lui ont été dictées par le gouvernement ?

J’avais eu l’occasion de discuter avec le préfet. Quelques jours avant la CDCI, il me paraissait assez proche de ma vision des choses. La gauche ne s’est pas cachée qu’elle était beaucoup intervenue dans les cabinets ministériels. André Aschieri l’a dit, Marc Daunis l’a revendiqué. Mme Gérard l’a souligné. J’en prends acte, c’est la nature des choses.

La collectivité départementale n’est-elle pas prise en tenaille entre ces intercommunalités ?

Le conseil général assume des compétences toujours plus importantes. Notamment des compétences sociales très exigeantes face à la crise pour les personnes âgées et les handicapés. Nous avons plus que jamais un rôle d’architecte, de fédérateur dans cette organisation territoriale. Et ce qui s’est passé lundi dernier souligne la place et le poids de notre collectivité.

Le projet de loi pour les élections départementales et régionales de 2015 vous convient-il ?

Nous, nous voulions créer un conseiller territorial commun au département et à la région, qui avait l’avantage de supprimer la moitié des élus et donc de faire des économies. Il assurait aussi un rapprochement entre les deux collectivités. Avec ce projet de loi, j’espère que l’objectif du gouvernement actuel n’est pas seulement de redécouper les cantons à sa main. Par ailleurs, je trouve un peu inédit de vouloir élire dans chaque canton un couple et je vois mal comment on va avoir un territoire géré par deux personnes en même temps. Pèse aussi la menace de la disparition de cantons ruraux contre laquelle je me battrai lors du débat parlementaire.

Cette réforme a aussi pour objectif de renforcer la parité…

Si je vois un point positif à ce système, c’est sans doute celui de la parité qui est une bonne chose. C’est un principe constitutionnel.

Que direz-vous à vos amis conseillers généraux pour qu’ils fassent de la place à ces dames ?

On aura besoin de beaucoup leur parler (sourires). Mais à ce stade, chacun peut espérer trouver un conjoint électoral accueillant…

Impôts

Le budget du CG voté jeudi ne prévoit pas d’augmentation des impôts, vous pensez pouvoir renouveler encore cela en 2013 ?

Oui je me suis engagé à l’occasion des élections cantonales de 2011 à ne pas augmenter la fiscalité directe sur la mandature. C’est un objectif que je tiendrai parce qu’en période de crise je considère qu’augmenter les impôts constitue une erreur tragique. C’est ce que fait le gouvernement socialiste aujourd’hui avec 33 milliards d’impôts de plus qui traduisent un véritable matraquage fiscal sur les ménages et sur les entreprises. C’est une erreur économique grave qui va contribuer à gripper notre économie et à diminuer le faible acquis de croissance qu’il y avait. On ne commettra pas cette erreur dans le département. Augmenter les impôts c’est fragiliser un tissu économique qui est déjà dans la souffrance.

« La fraude sociale est une injustice absolue »

Les mesures qu’envisage le gouvernement sur le RSA vont coûter 12 millions d’euros supplémentaires au conseil général. Vous dites que vous demanderez une compensation à l’euro près, vous y croyez vraiment ?

Je me battrai pour. On est arrivés à la limite de l’exercice ou les conseils généraux accomplissent des missions sociales pour le compte de L’État sans les financements en contrepartie. Sur I’APA par exemple, sur un coût de120 millions, à peine 30 millions sont compensés par l’État. Il faut, au risque d’asphyxier totalement les départements, qu’il y ait une réforme de fond. Il faudra des ressources directement fléchées vers les conseils généraux.

Mais les caisses de l’État sont vides…

Il faudra qu’une ressource fiscale aujourd’hui prélevée par l’Etat, par exemple une partie de la CSG, vienne directement vers les conseils généraux, et que nous puissions moduler les taux en fonction des besoins. Car il faut que l’on retrouve une forme d’autonomie fiscale pour arriver à des recettes qui financent nos dépenses sociales. Pour l’heure, on nous impose des dépenses obligatoires et en même temps on nous prive de recettes.

La lutte contre la fraude sociale reste une de vos priorités?

Oui. Nous sommes le premier département de France a y avoir consacré d’importants moyens. Depuis deux ans environ 7 millions ont été économisés. Il est essentiel de dire que la fraude sociale est une injustice absolue parce qu’elle décrédibilise tout le système de solidarité sociale. Si notre société a le sentiment que la solidarité sociale est dévoyée, qu’elle nourrit au mieux l’assistanat, au pire la fraude c’est toute la crédibilité de notre système social qui est altérée.

Corse : « Le problème n’est plus politique»

En Corse, estimez-vous que le ministre de l’intérieur Manuel Valls applique la bonne méthode ?

Je ne rentrerai pas dans la même attitude que les socialistes au cours des années écoulées qui consistait à critiquer ou condamner le gouvernement chaque fois qu’il y avait un fait divers. La situation en Corse est extraordinairement difficile. Aujourd’hui, le problème n’est plus politique. La question est d’abord celle du grand banditisme. Elle doit être traitée.

Il faut dépasser le clivage gauche-droite?

Concernant les questions de sécurité, je le pense en effet. Ce n’est malheureusement toujours pas le cas du côté du gouvernement quand on voit l’enfermement idéologique dans lequel se situe Mme Taubira. Quand elle demande moins de comparutions immédiates, quand elle annonce la fin des peines planchers contre les multirécidivistes, la suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs et la fin de la rétention de sûreté, je constate que nous sommes, hélas, loin du consensus… Cet enfermement idéologique est dangereux.

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