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Crise migratoire : « la position de la France a été affligeante »

LE FIGARO – Le député Républicains des Alpes-Maritimes craint que « la ligne de conduite du gouvernement ne se résume qu’à quelques arrière-pensées idéologiques ». Que pensez-vous du choix de l’Allemagne d’établir des contrôles aux frontières ? Éric CIOTTI. – Cette décision était devenue inéluctable. L’attitude de l’Allemagne est irresponsable depuis le début de cette crise. Il y a de la naïveté ; il y a aussi une forme de cynisme économique quand on voit la position de certains patrons allemands. La multiplication des signes d’ouverture et d’accueil des migrants a renforcé l’ampleur des flux migratoires et, dans le même temps, les drames humains. Au point que la pression migratoire est devenue incontrôlable et insupportable pour le pays. L’Allemagne paie cette lourde erreur, et ce qui est encore plus grave, c’est qu’elle a entraîné la France dans cette voie catastrophique. Il est heureux que Berlin ait rétabli les contrôles, même tardivement. La France doit faire de même, et vite. Qu’attendez-vous de Bruxelles ? Sous la pression allemande, l’Europe a eu une politique déséquilibrée, guidée simplement par l’émotion ou par les intérêts de certains. On ne parle que de quotas, de répartition des flux, on refuse de distinguer réfugiés, demandeurs d’asile et migrants économiques. Il faut arrêter et enfin passer à une vraie politique d’action qui se soucie des véritables causes de ces vagues massives d’immigration. Faudra-t-il réviser à la hausse les quotas d’accueil de réfugiés ? Accepter cette logique est suicidaire. L’établissement même des quotas a considérablement multiplié les flux. Sans compter qu’aucun véritable contrôle sur la qualité des réfugiés n’est effectué: on ne sait pas qui on accueille. Que doit faire la France ? La position de la France a été affligeante ; François Hollande est le mouton de Panurge d’Angela Merkel. Il était contre les quotas, il a fini par les accepter et accepte maintenant de les multiplier. Plus personne au sein du gouvernement ne maîtrise rien. La France devrait être le moteur de l’Europe, au lieu de se retrouver à la remorque de l’Allemagne. Bien sûr, nous devons accueillir des réfugiés, mais quelle est cette hypocrisie qui consiste à refuser des visas à des demandeurs d’asile qui s’adressent à nos consulats en Irak, au Liban et en Jordanie, tout en acceptant de leur donner ce même statut après qu’ils ont payé leur voyage à des passeurs et pris le risque de mourir en Méditerranée? J’ai bien peur que la ligne de conduite du gouvernement ne se résume à quelques arrière-pensées idéologiques: cette crise sert de ciment artificiel à une majorité explosée. Ils ont mobilisé «Boboland» à peu de frais tout en favorisant le Front national. Assez de cynisme! Que vous inspirent les divisions de la droite sur ces questions ? Les Républicains ont une lourde responsabilité: Nicolas Sarkozy a fait des propositions fortes et claires, il ne faut pas y déroger. Je regrette que certains chez nous soient tombés très vite dans le piège de l’émotion. Il ne fallait pas participer à la réunion de communication de Bernard Cazeneuve.]]>