Mon actualité

Commémoration du 11 novembre à Nice

Le 24 octobre 1922, le Parlement instituait le 11 novembre, date de commémoration de l’amistice de 1918, comme journée nationale d’hommage aux soldats de la Grande Guerre.

Au fil des ans, les témoins de la Première guerre mondiale ont peu à peu disparu.

Le 6 septembre 2004, c’est le dernier poilu des Alpes-Maritimes, Adrien Ruby vétéran de l’Armée d’Afrique, qui décédait à Antibes à l’âge de 106 ans.

Le 12 mars 2008, c’est Lazare Ponticelli, dernier combattant français de cette horrible tragédie, qui disparaissait à l’âge de 111 ans.

Avec leur travail inlassable de mémoire, les anciens de 14-18 avaient donné à la fête du 11 novembre une importance capitale dans la diffusion des valeurs qu’ils avaient défendues.

Mus par leur attachement viscéral à une France libre et souveraine, soudés par un courage à toute épreuve, ils étaient partis la « fleur au fusil » défendre la dignité et l’honneur de la France et les valeurs de liberté et de tolérance qu’elle incarne aux yeux du monde.

Ils pensaient que la guerre serait courte.

Ils espéraient retrouver leurs familles, leurs foyers, leurs villages avant la fin de l’année.

La guerre dura quatre interminables années où chacun d’entre eux, dans l’enfer des tranchées, repoussa les limites de ce qu’un être humain peut endurer.

Ils connurent la peur, la souffrance, la déchéance, mais aussi la fraternité, la solidarité et la générosité.

Au moment du décompte final des pertes humaines le bilan se révéla désastreux pour notre pays terriblement éprouvé.

Les chiffres sont terrifiants :

       1 451 340 victimes, soit 27 % des effectifs engagés et plus de 30 % de la population du pays.

       2 800 000 blessés dont 1 117 000 invalides et mutilés.

Les soldats des Alpes-Maritimes se sont illustrés par leur sacrifice, 6 915 avaient perdu la vie dans la guerre dont 3 665 morts pour la ville de Nice. Toutes les communes du département avaient été plus ou moins lourdement touchées et les monuments aux morts qui ont été érigés en portent témoignage.

L’Union sacrée qui a réuni tous les Français pour la défense de notre pays et de ses valeurs, s’est manifestée dans les Alpes-Maritimes, préservées des furieux assauts du front, par un immense élan de compassion et d’entraide.

Des milliers de réfugiés – jusqu’à 9 983 – évacués des départements touchés par les combats, furent accueillis dans nos communes littorales et du moyen pays.

Dès la fin septembre 1915, Nice hébergeait déjà 4500 soldats blessés et devant l’afflux incessant de soldats meurtris ou permissionnaires, hôtels et bâtiments publics furent réquisitionnés, tandis que la solidarité citoyenne se mettait en place et se prolongea bien après la fin de la guerre, notammeent envers les veuves de guerre et les orphelins.

De cette guerre, abominable par l’hécatombe de la jeunesse, Paul Valéry tirait dès 1919, un sombre bilan : « Nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Il y a des milliers de jeunes écrivains, et de jeunes artistes qui sont morts. Il y a l’illusion perdue d’une culture européenne et la démonstration de l’impuissance à sauver quoique ce soit ; il y a la science atteinte mortellement dans ses ambitions et comme déhonorée par la cruauté de ses occupations ; il y a l’idéalisme difficilement vainqueur, profondément meurtri, responsable de ses rêves ; le réalisme déçu, battu, accablé de crimes et de fautes ».

Animés d’un sentiment d’horreur devant la guerre et ses conséquences, les survivants s’attachèrent à mener une campagne inlassable pour la paix et pour la concorde entre les peuples dont René Cassin, mutilé à 65%, fut l’un des plus ardents promoteurs.

Hélas en 1939, faute d’avoir tiré les leçons de la Première guerre mondiale, un nouveau conflit transforma l’Europe en un champ de ruines. Le « plus jamais ça » proclamé à leur retour de l’enfer par les poilus n’avait plus aucune valeur face à une idéologie fondée sur l’intolérance, la haine et le mépris de l’homme, et à des régimes qui semaient la terreur et la mort.

« Quand la France agonise, ses enfants se doivent de la sauver » disait le général de Gaulle aux jeunes gens venus le rejoindre à Londres pour former ces bataillons héroïques de la France Libre. Comme l’avaient fait leurs pères et grands-pères quelques années auparavant, ils furent des milliers prêts à sacrifier leur vie pour la France, la démocratie et la liberté.

Nombreuses furent les victimes parmi les civils, les militaires et les combattants de la Résistance. A l’horreur de la guerre, s’ajouta la folie meurtrière nazie contre des innocents qui furent exterminés par millions au seul prétexte de leur origine juive.

Même si la volonté d’hommes de paix tels que Charles de Gaulle, Jean Monnet, Robert Schumann a conduit à la réconciliation de l’Europe, aujourd’hui encore, nos soldats sont présents sur d’autres fronts.

Je pense notamment aux troupes d’élite engagées, aux côtés de nos alliés, dans un combat contre les nouvelles menaces totalitaires et terroristes qui pèsent sur nos valeurs fondamentales.

Les 88 Français tués en Afghanistan depuis le début de l’intervention occidentale en 2001, rejoignent dans nos cœurs et notre mémoire tous ceux qui ont fait preuve au cours de l’histoire récente de notre pays des vertus d’honneur, de devoir, de courage et de sacrifice.

Qu’ils soient morts à Verdun, à Flirey, à Vassincourt, dans les Dardanelles, sur la ligne Maginot, à Bir Hakeim, sur les plages de Provence et de Normandie, dans l’Authion, dans la province de Kapisa ou ailleurs, ces millions d’hommes sont morts pour la France.

Comme l’avait souhaité le président de la République, Nicolas Sarkozy, la journée du 11 novembre est désormais une journée où la France se recueille devant tous ceux, anonymes ou célèbres, morts pour l’honneur de leur pays.

Quand les derniers témoins ont disparu, quand la mémoire commence à s’éroder sous l’effet dévastateur du temps, c’est alors qu’il faut tirer vers nous, avec d’autant plus de force et de vigueur, cet héritage précieux qui nous enseigne ce dont l’Humanité est capable, en bien comme en mal.

Car nous restons infiniment redevables à ceux qui donnèrent leur vie pour notre liberté.

Car nous ne remercierons jamais assez ceux qui firent le destin de la France en sacrifiant le leur.

Et nous ne pouvons nous montrer dignes d’eux qu’en gardant vivante la flamme du souvenir, et en consolidant toujours davantage le ciment national, comme nous y invite cette journée de la cohésion et de la mémoire.

C’est ce devoir de mémoire qui a inspiré la création de l’exposition actuelle des Archives départementales, Les Alpes-Maritimes et les guerres du XXe siècle.

Avec ses nombreux documents, affiches, témoignages les plus poignants, elle ouvre de multiples champs de réflexion sur les rapports humains et les intérêts qui s’attachent à cultiver l’entente et la coopération dans le respect mutuel des valeurs de chacun.

]]>