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François Fillon est le seul qui puisse nous faire gagner

Eric Ciotti était l’invité du « Face à la Rédaction » de Nice Matin. Il a répondu aux questions d’Olivier Biscaye, de Denis Carreaux, de Christophe Caietti, d’Eric Neri, et de Christian Huault.

« La droite décomplexé : du marketing !« 

Les sondages réalisés auprès des sympathisants de l’UMP donnent tous François Fillon gagnant. Sont-ils vraiment le reflet du choix des militants ?

Je le crois. Je n’imagine pas qu’il puisse y avoir une différence fondamentale entre ce que pensent les sympathisants et les militants. L’UMP est la première formation politique de France, elle compte aujourd’hui 300 000 adhérents à jour de cotisation, qui peuvent donc aller voter. Moi je fais le pari qu’il y aura le 18 novembre une forte mobilisation et qu’elle nous sera favorable.

François Fillon met de plus en plus les militants au cœur de son projet. Pour mieux rompre avec son image de candidat des élites ?

Il n’a pas changé d’attitude. Il n’est pas dans une démarche de marketing électoral. Il a toujours parlé aux militants tout en prenant soin de parler avant tout aux Français. L’enjeu de cette élection dépasse le cadre resserré de notre parti. Son résultat aura des incidences majeures pour notre pays. Mais oui, François Fillon souhaite qu’à chaque grande étape, chaque grand choix les militants soient consultés. Aussi bien sur le projet que sur les décisions d’investiture.

En jouant cette carte militante, vous brisez aussi les tabous de la droite décomplexée alors ?

Personnellement je n’ai jamais eu le sentiment de faire partie d’une droite complexée. Ce discours un peu caricatural fait partie des grosses ficelles du marketing électoral. La démarche de François Fillon est tournée vers la vérité et la sincérité, il ne va pas changer de discours parce qu’on est en campagne électorale.

Au-delà du style, qu’est-ce qui différencie vraiment François Fillon de Jean-François Copé ?

Une chose fondamentale : je suis convaincu que François Fillon peut nous faire gagner et faire en sorte que le plus vite possible partout l’opposition redevienne majorité. Et je suis convaincu que Jean-François Copé ne dispose pas des mêmes atouts.

Par manque d’expérience ?

D’abord par la capacité de rassemblement de François Fillon infiniment supérieure à celle de Jean-François Copé. Il restreint l’UMP à son noyau dur alors que François Fillon élargit les portes de notre parti à un électorat dont on a besoin pour gagner.

En allant à la fois chercher les électeurs du Front national qui nous ont quittés et ceux du centre qui se sont tournés vers François Hollande. Une seule personnalité peut les rassembler, François Fillon. Et puis, c’est vrai, il a l’expérience. Celle d’avoir dirigé pendant cinq ans et pour la première fois pendant l’ensemble d’un mandat présidentiel sous la Ve République – le gouvernement de la France avec courage, sans jamais reculer face à la rue.

Cette expérience peut donc d’ores et déjà le mener vers l’échéance de 2017 ?

Il a clairement dit qu’un chef de l’opposition a vocation à être candidat aux primaires que nous organiserons. De toute façon la vie politique française se structure toujours autour de l’élection présidentielle. Et les militants auront cet élément en tête le jour du vote.

« Le 18, François Fillon assurera l’unité du parti »

Regrettez-vous que Nicolas Sarkozy ne prenne pas position ?

C’est une attitude logique. D’ailleurs s’il avait voulu poursuivre sa carrière politique et reprendre la présidence de I’UMP, il aurait sans doute été le seul candidat. En tout état de cause, François Fillon n’aurait, lui, pas été candidat. Je regrette que certains aient essayé de l’instrumentaliser dans cette campagne. François Fillon a eu une attitude contraire, compte tenu des liens de loyauté et de confiance qui l’unissent à Nicolas Sarkozy.

Vous avez manifesté votre inquiétude sur la transparence du scrutin…

C’est le secrétaire départemental qui doit organiser l’élection. Lorsqu’il prend parti pour un candidat, il doit être remplacé par un référent plus neutre. Ce point sera examiné cet après-midi lors d’une commission de contrôle et nous serons très vigilants pour qu’il s’applique, notamment dans les Alpes-Maritimes.

Quelle sera la première décision politique de François Fillon en cas de victoire le 18 novembre ?

Assurer l’unité de notre parti. En se tournant vers Jean-François Copé bien sûr mais aussi vers les autres candidats qui n’ont pu se présenter.

Racisme anti-Blanc ou pain au chocolat lequel de ces propos de Jean-François Copé vous a le plus choqué ?

On peut approuver tel ou tel constat. Mais ce qu’attendent les Français, ce sont d’abord des réponses à ces problèmes. Pour ma part, je préfère les actes forts aux paroles fortes.

François Fillon s’est dit opposé à l’appel à manifester lancé par Jean-François Copé ? Et vous ?

On ne reviendra pas au pouvoir par la manifestation mais par l’élection.

« Manuel Valls, une supercherie ! »

Saluez-vous l’action de Manuel Valls en tant que ministre de l’intérieur?

Je pourrais saluer son discours, mais je conteste ses actes. La démarche de Manuel Valls, c’est une supercherie de communication politique. La baudruche médiatique va se dégonfler assez vite.

Comment jugez-vous ses résultats?

Sur l’immigration, on assiste à une chute brutale des reconduites à la frontière d’étrangers en situation irrégulière. À Nice, il y a 50 % d’étrangers en moins en centre de rétention. L’élargissement des critères de naturalisation est également dangereux. On est en train de brader la nationalité française.

Sur la sécurité, on assiste à une explosion des violences contre les personnes. Ce gouvernement est incapable d’endiguer l’augmentation de la délinquance, car il affaiblit la réponse judiciaire.

Face à vos critiques sur la circulaire de politique pénale, Manuel Valls a indiqué qu’il ne tolérerait aucune mise en cause de l’action de L’État en matière de sécurité. Vous persistez ?

Plus que jamais. La circulaire pénale de Taubira aura des conséquences dramatiques pour notre pays. En catimini, elle a modifié cinquante ans de droit pénal dans notre pays et installé une forme d’impunité pénale. Demain, un juge va condamner à deux ou trois ans de prison ferme quelqu’un qui a commis un délit grave. Aux yeux de Mme Taubira, c’est une courte peine qui ne sera pas effectuée et sera quasi obligatoirement aménagée.

Je conteste aussi sa volonté d’abolir les peines-plancher contre les récidivistes et de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs. Son angélisme va faire exploser la délinquance. Il y a un vrai problème Taubira.

C’est une erreur de casting ?

Je n’ai pas de jugement personnel à porter, mais quand on pense qu’un des derniers gardes des Sceaux à gauche avait été Robert Badinter, la comparaison s’effectue d’elle-même…

En matière de capacité carcérale, vous êtes aussi en profond désaccord ?

Le budget qu’elle a présenté prévoit 38,6 % de baisse des crédits pour l’investissement de l’administration pénitentiaire. Alors que nous avions prévu 80 000 places de prison en 2017, elle n’en envisage que 63 000. Or il y a actuellement 67 000 détenus. Il y aura donc moins de monde dans les prisons. Cela veut dire qu’on va condamner moins.

Le Sénat a voté la suppression de votre loi sur l’absentéisme scolaire. Quels en étaient vraiment les résultats?

Cette loi n’a pas été évaluée et n’est remplacée par rien. En 2011-2012, 80 000 lettres d’avertissement ont été envoyés par les inspecteurs d’Académie aux parents d’élèves ayant été absents plus de quatre demi-journées par mois. En bout de chaîne, il y a eu 1 400 demandes de suppression des allocations familiales. Cette arme de dissuasion a extraordinairement bien marché.

En annonçant le recrutement de 6 000 policiers et gendarmes en 2013, Manuel Valls n’envoie-t-il pas un signe fort ?

Ce chiffre de 6 000 relève de la pure stratégie de communication. 6 000, c’est la totalité des recrutements, y compris les départs en retraite, ce que faisait le précédent gouvernement. Le budget 2013 prévoit 260 policiers en plus et 180 gendarmes. Ce n’est pas cela qui apportera une réponse en matière de sécurité.

Face à la flambée de violence en Corse, le gouvernement a-t-il pris la mesure de la situation?

Ce qui se passe en Corse est extraordinairement inquiétant. On est face à des actions de grand banditisme qui relèvent de la Jirs de Marseille. Je fais confiance à cette juridiction. Mais je suis encore plus inquiet par ce qui se passe dans les Bouches-du-Rhône ou dans certaines cités gangrenées par le trafic de drogue qui véhicule l’argent facile.

Mariage Gay

Que pensez-vous du projet de loi sur le mariage gay?

Le mariage dans notre culture est intimement lié à la fondation d’une famille. Et une famille c’est un père et une mère pour avoir des enfants. Vouloir revenir sur ce pilier de notre organisation sociale me paraît totalement absurde. Que l’on favorise les droits pour les formes d’unions qui reconnaissent l’amour entre deux hommes, entre deux femmes, j’y suis très largement favorable, mais le mariage c’est différent. Pourquoi toucher à ce symbole ? En cas d’alternance nous reviendrons sur ce texte.

« M. Ayrault est un Premier Ministre à la tête d’une équipe d’apprentis »

Jean-Marc Ayrault est-il L’homme de la situation ?

Clairement pas. Et il mérite hélas le procès en amateurisme qui lui est fait. C’est un Premier ministre à la tête d’une équipe d’apprentis, qui a multiplié les choix incohérents. Il paye son inexpérience. Mais c’est François Hollande qui est le responsable de tout ça, c’est lui qui l’a nommé à la tête du gouvernement alors qu’il n’a jamais été ministre de sa vie, comme François Hollande d’ailleurs. C’est quand même un attelage un peu hasardeux. Comment pouvait-on imaginer que l’addition de deux inexpériences fasse une compétence ? Aujourd’hui on paie cette situation.

A-t-il perdu sa légitimité?

La légitimité il la tient du président de la République. Je redis que le problème c’est d’abord François Hollande.

Le président doit-il davantage monter au créneau?

S’il persiste dans la même ligne ça ne servira à rien. Il faut qu’il change radicalement de politique, qu’il dise : je suspends l’application de mon projet parce que ce n’est pas le bon face à la situation. S’il persiste il conduira notre pays dans le mur et sur le chemin d’un déclin peut-être irréversible.

On ne peut pas nier qu’il hérite d’une situation grave…

Bien sûr, mais la différence est que Nicolas Sarkozy pendant toute la campagne présidentielle a tenu un discours de vérité sur cette situation et que François Hollande l’a totalement contesté. La crise, il semble l’avoir découverte début septembre en rentrant de ses vacances à Brégançon.

Comment jugez-vous la méthode de François Hollande?

Je ne sais pas s’il y a une méthode, je crois plutôt qu’elle résulte de son incapacité à gouverner. On est dans l’indécision, dans l’incohérence, dans la cacophonie, c’est le gouvernement des couacs à répétition. Il donne le sentiment qu’il ne sait pas trop où il veut aller, qu’il hésite et qu’il tâtonne.

« L’ambition ne doit pas être dissimulée »

En 5 ans, vous avez eu un parcours que certains parlementaires ne font pas dans une vie. Pourquoi avoir voulu sortir du rang ?

J’ai le sentiment d’avoir fait mon travail d’élu depuis mon élection de député en 2007. Un travail qui s’est inscrit dans la continuité d’un long parcours de militant dans la même famille politique. Mon action à l’Assemblée a été remarquée par le président Sarkozy ce qui m’a permis de faire voter des lois importantes.

Et vous voilà maintenant directeur de campagne de François Fillon. Vous débordez donc d’ambition…

Si un homme politique vous répond qu’il n’a pas d’ambition c’est qu’il utilise la langue de bois ou qu’il a envie de faire autre chose. L’ambition, lorsqu’elle est placée au service de ses idées et de l’intérêt général, n’est pas quelque chose que l’on doit dissimuler.

On vous donnait ministrable si Nicolas Sarkozy avait gagné. Vous ambitionnez de devenir ministre?

D’abord gagnons et après je répondrai à cette question. Aujourd’hui, hélas, elle ne se pose pas.

Est-ce que Christian Estrosi a été un modèle pour vous en matière d’occupation du terrain politique  ?

Bien entendu. J’ai beaucoup travaillé avec lui pendant longtemps. J’apprécie son volontarisme et sa détermination.

Les missions des départements sont rabotées par les régions et les intercommunalités. N’êtes-vous pas à l’étroit dans les habits de président du conseil général ?

Je me sens très bien à la tête du conseil général des A.-M. Tous ceux qui ont voulu rogner les compétences du conseil général se sont heurtés au principe de réalité.

C’est une collectivité de proximité avec des compétences qui touchent au cœur de l’humain. Il fait partie, avec la commune, des cellules de base de la vie démocratique.

Les questions des internautes

Matthias : Que peut-on faire de plus contre la menace terroriste?

En la matière, le risque zéro n’existe pas. On a en France des services de lutte contre le terrorisme parmi les plus performants au monde. Jusqu’à l’affaire Merah, la France avait été relativement épargnée. Ce n’est pas par hasard. Je suis d’ailleurs très choqué que M. Hollande, président de la République, critique les services français de lutte contre le terrorisme devant un chef de gouvernement étranger Benjamin Netanyahu. C’est irresponsable. La lutte contre le terrorisme nécessite l’unité nationale absolue. Je regrette que M. Hollande qui vante aujourd’hui un texte de lutte contre le terrorisme ait refusé le même texte, quasiment à la virgule près, proposé par Nicolas Sarkozy après l’affaire Merah. On aura perdu presque une année, et je le déplore.

Etodie C. : Manuel Valls ferait-il un meilleur ministre de la Justice que Christiane Taubira?

Il n’est pas difficile d’être meilleur que Christiane Taubira…

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